Nouvel essai futuriste pour Andrew Niccol, réalisateur peu prolifique mais dont les films, de 'Gattaca' à 'Lord of War' ont marqué le cinéma. Le concept à la base de 'In Time' - le temps a remplacé l'argent - était on ne peut plus alléchant. Voir le nom de Craig Armstrong attaché à la musique originale du film, était encore plus prometteur.
Craig Armstrong, un des compositeurs les plus éclectiques du moment, connu pour son travail dans le monde du rock et de l'electronique (notamment avec U2 ou Massive Attack), s'est construit une excellente réputation dans le domaine de la musique de film, avec des bandes originales aussi diverses que Elizabeth: The Golden Age, The Incredible Hulk, Moulin Rouge ou encore World Trade Center. Si le film peut laisser une sensation d'inabouti, il en va autrement pour sa musique.
Le compositeur, naturellement, opère dans un genre très synthétique, qui sied à l'univers SF du film. Si la recette est efficace, elle peut devenir lassante. Entre piano, synthétiseurs, choeurs et beats électro, le compositeur fait un usage très (trop?) appuyé de son thème principal, joliment mélancolique mais peut-être pas assez développé pour lui permettre une telle utilisation.
Il serait toutefois malhonnête de s'attarder sur ce seul défaut. Car Craig Armstrong nous réserve de très beaux moments d'émotion ou d'action, faisant montre de sa maîtrise du genre. Le crescendo de 'Mother Times Out', à la fois entraînant, mystérieux et finalement tragique, est l'un des grands moments de l'album. 'Welcome To New Greenwich' présente un nouveau thème intéressant, suivi par l'élégant piano de 'Waking Up In Time', malheureusement trop courte. 'Ocean', emmenée elle aussi par un piano, tisse une sensation d'émerveillement mêlée de mystère. Armstrong peut également resserrer la tension, comme en témoignent l'effréné 'Leaving The Zone', ou 'Rooftop Chase' et 'Abduction', pistes d'action tumultueuses qui opèrent de belles montées en puissance. L'utilisation des choeurs, indédite dans ce genre de compositions, ajoute une dimension particulière à l'atmosphère tissée par le compositeur.
Un travail soigné, qui développe, à travers des sonorités très intéressantes, une ambiance mélancolique où espoir et désespoir, lumière et obscurité se côtoient. A l'image du monde contrasté dépeint par le film. Et à l'image du film lui même: tantôt visionnaire, tantôt simpliste. Une belle réussite musicale, qui mérite l'attention qu'elle demande.