A Bridge too Far

Adapté du livre de Cornelius Ryan et réalisé en 1977 par Richard Attenborough, A Bridge too Far est un film de guerre qui raconte l'histoire de l'opération Market Garden, la tentative ratée des Alliés de percer les lignes allemandes et de prendre plusieurs ponts à un moment où les Allemands battaient en retraite. Interprété par une pléiade de stars, dont Dirk Bogarde, James Caan, Laurence Olivier, Ryan O'Neal, Robert Redford, Sean Connery, Michael Caine, Edward Fox, Anthony Hopkins, Gene Hackman, Hardy Kruger, Maximilian Schell et Liv Ullman.

Pour une production aussi énorme et impressionnante, A Bridge too Far n'a malheureusement reçu aucune nomination aux Academy Awards (c'était l'année d'Annie Hall), mais on lui a discerné plusieurs nominations aux BAFTA, dont celui de la partition musicale du film, composée par John Addison.

Lorsque ce dernier a appris que Richard Attenborough allait réaliser ce film, il l'a appelé pour lui dire qu'il voulait absolument composer la musique du film, car il avait un lien très personnel avec celui-ci. En effet, jeune soldat, il avait servi dans le 30e corps, la division de chars qui était au cœur de l'opération Market Garden.

Le compositeur anglais a composé l'une de ses plus grandes partitions, comprenant une marche entraînante et mélodieuse en son centre, comme les séquences ‘Ouverture’ (A1), Before The Holocaust (A3), ‘Air Lift’ (A5), ‘Nijmegen Bridge’ (A8 – seconde partie), ‘March Of The Paratroopers’ (B1), Bailey Bridge (B2), ), ‘The Waal River’ (B5 – seconde partie) ou encore ‘A Bridge Too Far March’ (B8).

Pour détailler la magnifique 'Overture' (A1), cette séquence commence par le son d’un tambour en crescendo, qui fait place à cette marche militaire triomphale, soutenu par des cors et des cordes et qui atteint son paroxysme à deux minutes. Cinquante-quatre secondes plus tard, elle s’arrête brusquement pour laisser place à une musique dramatique. Par ce stratagème, Addison rappelle que malgré l’enthousiasme des troupes alliées pour l’opération Market Garden, c’est la dévastation, le carnage et les horreurs de la guerre qui les attends.

‘Arnhem’ (A7) commence avec des cordes et un piano en sourdine laissant planer un climat pesant. Mais après 40 secondes, appuyé par des cors, la musique augmente en crescendo, jusqu’à son apothéose. Nous retrouvons ici cette marche victorieuse si cher à cette partition, et qui s’estompe après la minute ’40 pour une musique dramatique qui nous rappelle que la bataille d’Arnhem est loin d’être gagné.

‘March Of The Paratroopers’ (B1) est particulière. Si celle-ci fait partie du thème « marche victorieuse », après une minute dix-huit, Addison l’a transformé en une « marche comique » pour illustré la scène où des soldats américains tente, plein d’espoir, de prendre (enfin) un pont intact. Mais à leur grand désarroi, alors qu’ils ne leur reste plus qu’une centaine de mètres, celui-ci explose, miné par les troupes allemandes.

Ce qui est remarquable, c’est que dans son paysage sonore, Addison a réussi à moduler son thème principale en le transformant en une partition dramatique qu’on retrouve notamment dans les séquences ‘Dutch Rhapsody’ (A2), ‘Underground Resistance’ (A4 – première partie), ‘Hospital Tent’ (A6), ‘Human Roadblock’ (B3), ‘Arnhem Destroyed’ (A6) et ‘Retreat’ (B7).

Ainsi ‘Dutch Rapsody’ (A2) est appuyé principalement au piano, soutenue par les cordes et les bois, cette séquence nous plonge dans le paysage hollandais peu avant la bataille où une jeune ado roule à vélo et perçoit un avion de la RAF, volant à basse altitude. Par cette magnifique partition, Addison traduit parfaitement bien l’ambiance du drame qui va bientôt se jouer dans cette région batave... QUEL THEME ! C’EST SUBLIME !

Et puis Addison a composé d’autres séquences musicales qui conviennent parfaitement bien aux scènes d'action. C’est le cas pour ‘Underground Resistance’ (A4 – seconde partie), ‘Nijmegen Bridge’ (A8 – première partie), ‘Futile Mission’ (B4), ‘The Waal River’ (B5 – première partie).

Classé parmi les meilleures musiques de films de guerre, A Bridge too Far a été édité en LP (ainsi qu’en single) lors de la sortie du film dans plusieurs pays. Elle a été réédité en 2020 par le label espagnol Quartet Records qui comprend sous la forme d’un double CD, 35 séquences (CD1), ainsi que la musique qui se trouve sur le CD2.

En relatant le travail d’Addison, Richard Attenborough déclara : « Je n'oublierai jamais l'occasion où, à l'invitation de Joe Levine, il a vu le film. À la fin, il était manifestement très ému. On travaille parce qu'on doit le faire, mais parfois, le travail est ce que vous voulez de tout votre être et ceci, pour moi, est l'une de ces occasions. Si je ne peux pas écrire quelque chose de merveilleux pour ce film, alors je devrais abandonner. Lorsque Joe Levine et moi-même nous nous sommes assis dans le petit salon de musique de la maison de John à Los Angeles et que nous l'avions écouté jouer la partition sur son piano pour la première fois, nous étions tous les deux au bord des larmes. Il avait en effet écrit une musique vraiment merveilleuse ».

Pour ma part, c’est évident que le travail de John Addison pour A Bridge too Far est remarquable. Sa partition demeure chez moi comme l’une des meilleures musiques de film, que vous devez impérativement acquérir (si ce n’est pas encore fait) dans votre collection.

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