'The Hunger Games', adaptation du premier roman de la trilogie à succès de Suzanne Collins, se déroule dans un futur sombre où l'Amérique est divisée en 12 districts dont la plupart vivent dans la misère, dirigés par un Capitole tyrannique, siège du pouvoir et de la richesse. Pour représenter musicalement ce contraste sidérant, le choix de James Newton Howard ne pouvait que nous rassurer. Entre les sonorités africaines de Blood Diamond, la sensibilité de Lady in the Water, le côté rustique et naturel de Defiance ou les beats électroniques de Salt, le compositeur a su montrer son habileté à tisser des ambiances et à mêler des genres très différents.
Ce qui frappe d'abord dans ce 'The Hunger Games', c'est la place importante accordée au silence (James Newton Howard n'a écrit qu'environ 80 minutes de musique pour un film de 2h20). Là où d'autres réalisateurs ont recours à une musique omniprésente, Gary Ross a misé sur un réalisme parfois dur, mais qui contribue grandement à l'expérience du spectateur. Les évènements dépeints ici ne sont pas toujours beaux, grandiloquents ou héroïques. Le plus souvent c'est la pauvreté, la faim et l'angoisse qui dominent.
Les pistes musicales de James Newton Howard sont utilisées ça et là, de manière très subtile. Des mélodies rurales du District 12 ('The Hunger Games', 'Katniss Afoot'), où guitares acoustiques prédominent, aux sonorités plus modernes du Capitole ('Entering The Capitol', 'Penthouse/Training'), le compositeur offre un fond musical à chaque situation. 'Horn of Plenty' (composé par Arcade Fire et arrangé par James Newton Howard), fabuleux hymne du Capitole, offre une scène de défilé magistrale.
Dans la deuxième moitié du film, la musique se fait beaucoup plus discrète et fonctionnelle. Les protagonistes sont dans l'arène et luttent pour survivre en milieu hostile. Le stress est bien palpable, et davantage de musique aurait probablement fait perdre de leur crédibilité aux évènements vécus par les personnages. Cela ne signifie évidemment pas que le compositeur a chômé. Les scènes musicales de l'arène sont extrêmement bien choisie. Entre 'Healing Katniss' qui rappelle l'ambiance délicate du début du film, ou le magnifique 'Rue's Farewell', dont la douce tristesse se charge lentement en émotion jusqu'à un final furieux, on ne peut que vibrer. L'enjoué 'Searching For Peeta' apporte une petite once d'espoir, le stressant 'Muttations' un rush d'adrénaline, et 'Tenuous Winners/Returning Home' une conclusion en beauté.
On se demandera toujours comment Danny Elfman aurait abordé le film (c'est lui qui était initialement en charge du projet). Mais on ne peut qu'être séduit par l'approche toute en douceur de James Newton Howard, qui n'a disposé que de 4 semaines pour composer l'ensemble de la musique. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on espère vivement retrouver le compositeur à la barre des volets suivants. Un album qui transcrit avec précision l'ambiance des 'Hunger Games': mission accomplie.