Mattis B. a écrit une critique que je juge excellente et en tous points en accord avec mon avis sur cette BO, alors pourquoi écrire tout de même la mienne?
Atlantide, L'Empire Perdu m'a subjugué dès sa sortie. Je l'ai vu au cinéma, j'ai lu l'excellente novellisation, je l'ai trouvé si mature et si éloigné d'un Disney lambda qu'il a changé ma perception du monde: 1/ parce qu'il est vraiment très bon (tout en étant totalement sous-estimé parce que les gens ne l'ont vu qu'à travers le prisme Disney, si ça avait été un autre studio cela aurait été totalement différent, passons) et 2/ parce qu'il m'a fait découvrir le monde des musiques de films. Je suis tombé dans la marmite et je suis pas prêt d'en sortir!
Il est vrai que la BO est totalement tranchée entre deux phases, correspondant aux deux actes du film: la partie exploration et la partie atlante. Musicalement, Mattis B. l'a parfaitement expliqué, chaque note suit les mouvements à l'écran, il est donc difficile d'en apprécier l'écoute séparée, exception faite du thème de Milo, au violon, que l'on trouve par exemple au tout début du morceau final, 'Atlantis'. C'est doux, discret, comme Milo, bref c'est bien. Le morceau 'The Journey' a été rapidement un de mes morceaux préférés, et abandonne en grande partie ce 'mickeymousing' car l'action est étalée, ellipsée, on suit des extraits de l'expédition. Le thème de celle-ci, audible à deux reprises, mélange air martial (tambours légers) et musique d'aventure (cuivres, flutes), elle remplit pleinement le cahier des charges. Cette inspiration revient dans la seconde partie de 'The King Dies - Going After Rourke', avec réussite.
La transition spectaculaire s'opère avec 'Milo Meets Kida'. Avec l'apparition (soudaine) des Atlantes, le ton change totalement, et la BO devient un véritable bijou, dans une sonorité que je n'ai jamais retrouvé depuis. Musique cristalline (par ses carillons), quasi-omniprésente en arrière-plan, voire aérienne (harpe notamment, flûte légère), ainsi que des coeurs, tantôt graves tantôt purs, pour souligner l'ancienneté de la cité, qui n'a jamais bougé depuis l'époque de son ensevelissement. La musique ne suit plus tellement l'action mais enveloppe le décor, les personnages d'une aura vaporeuse, noble et exotique à la fois.
'The City Of Atlantis' confirme cette orientation, avec le thème grandiose de la cité, alors que le but de l'expédition se laisse admirer dans toute sa splendeur. Je passe volontairement sur les titres suivants, qui restent dans la même veine et avec la même qualité (surtout 'Touring The City', qui par sa joie rappelle que les Atlantes sont un peuple pacifique, se contentant de ce qu'ils ont -si on excepte leur propension à exécuter ceux qui pénètrent leurs frontières).
'The Secret Swim' et 'The Crystal Chamber' (dont une partie illustrait la destruction de la cité dans la bande-annonce, extrait que je regardais déjà en boucle pour son ambiance) tournent autour du Coeur de l'Atlantide, et pour ce second titre, James Newton Howard réussit un coup de maître, magnifiant une scène déjà poignante avec une musique sublime. Je n'ai jamais pu rester insensible à cette scène, en grande partie grâce à cette composition.
La partie atlante de la composition est je pense celle qui vaut vraiment le détour, novatrice, intelligente, osée, bref à l'image du film beaucoup trop éloignée de Disney, qui se caractérise surtout par une musique globalement oubliable mais des chansons omniprésentes (réussies, il faut bien l'admettre).
Je conçois ne rien apporter de neuf, mais cette BO m'a ouvert les yeux sur le pouvoir que pouvait avoir la musique sur les sentiments. La musique étant après tout une histoire d'affects (à moins de tomber dans la musicologie la plus aseptisée), je ne pouvais passer à côté de cette occasion de faire partager mon sentiment sur l'album qui a véritablement changé ma vie.