La Vénus à la Fourrure

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«Alexandre est un collaborateur d’exception, qui comprend mes intentions
et les anticipe, autant qu’il les prolonge.» Voilà les mots qu’utilise Roman
Polanski pour évoquer Alexandre Desplat, son indispensable compositeur
depuis The Ghost writer.
La Vénus à la Fourrure marque le troisième jalon de leur collaboration en
haute-fidélité : une luxuriante partition de trente-sept minutes construite
sur un seul et même thème, décliné jusqu’à l’obsession avec des traitements,
des visages sans cesse renouvelés. Tantôt façon danse antique, sur un
rythme grec ; tantôt en valse hypnotique pour piano et cordes. Dans la droite
lignée des grandes bandes originales polanskiennes (Cul de sac, Rosemary’s
baby, Chinatown, Le Locataire), celle de La Vénus à la fourrure fonctionne en
trompe-l’oeil, elle enveloppe d’un charme vénéneux le jeu de séduction qui
se noue entre Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric. «Comme si le film
était recouvert d’un voile qui l’opacifiait, explique le
compositeur. Et que la musique permettait de lever ce voile, à la manière
d’un effet de tulle au théâtre.»
Pari réussi : Alexandre Desplat relève la gageure de mettre généreusement
en musique une confrontation très dialoguée entre deux personnages, en
huit-clos. Mieux, il ouvre d’autres perspectives, entraîne le récit vers d’autres
territoires, imaginaires, plus vastes que l’image. Quand on demande au compositeur
quel metteur en scène incarne le mieux l’idée même du cinéma, il
répond invariablement : Roman Polanski.