Roman J. Israel, Esq.

Depuis plusieurs années déjà, force est de constater que les propositions musicales de drame/thriller judiciaires s’apparentent de plus en plus régulièrement à du travail de remplissage, bien trop fonctionnelles ou robotiques; bien que certaines n’en demeurent pas moins saisissants (Le Pont des Espions de Thomas Newman, Un Homme d’Exception de James Horner ou encore Frost/Nixon de Hans Zimmer, parmi les plus récents). Par le passé, James Newton Howard s’est déjà montré très à l’aise dans ce genre-là avec notamment Peur Primale (1996), The Great Debaters (2007), Parkland (2013) ou plus récemment Night Call (2014). L’Affaire Roman J. ne fait que confirmer sa maîtrise du sujet...

Sa partition s'ouvre avec 'Supreme Court of Absolute Universal Law' interprété par des chœurs cabalistiques qui intronisent une atmosphère dramatique remarquable pendant près d’une minute trente. De par cette dimension fataliste quasi-religieuse, on pense bien évidemment à La Jeune Fille de l'eau ou La Neige Tombait sur les Cèdres; preuve que son auteur n'a cessé d'affiner sa maîtrise de l'utilisation chorale. Une mélodie envoûtante que l’on voit réapparaître dans ‘Roman’s Judgment’ et 'Filling The Brief' où ces mêmes chœurs se retrouvent davantage appuyés par les cordes, pour une conclusion musicale des plus émouvantes.

Un éventail d'instruments plus léger prend ensuite le relai pour détendre l'atmosphère affligeante instaurée par la piste d'ouverture tout en contribuant à rendre le protagoniste plus attachant (‘Just Continuances’), allant jusqu'à emprunter des sonorités jazzy (le très ludique et rythmé ‘Maple Glazed Donut’) ou psychédéliques (les guitares acoustiques et les synthétiseurs de ‘George Pierce Offices’) façon 70's. On y entend parfois Michael Clayton (pour lequel il a été nommé à l'Oscar en 2007) et même Seul Contre Tous avec ces pointes d'électroniques discrètes savamment dosées - excepté dans ‘Are You Okay, Mister ?’ et ‘Guard ! Guard !’ où celles-ci se font plus agressives et envahissantes. Quant à elles, les guitares sèches de ‘Nonprofit Talks’, très agréables à l'écoute, renvoient très clairement au score de The Great Debaters (avec ce même Denzel Washington). L’évolution du récit et sa dramaturgie apportent une dimension plus mélancolique au personnage: la trompette solitaire ('Roman Walks Home’, ‘The Drop’, ‘The Real Enemy Within’) et le piano délicat (‘The Brief’ et ‘It’s All in the Rearview Mirror’) se font plus présents, en contrepoint des violons, violoncelles et contrebasses; toujours aussi indispensables chez JNH !

Décision de Justice : James Newton Howard livre un score brillant, solide et élégant, qui accompagne le récit tout en finesse sans l'étouffer. On restera bluffé par l’ampleur et la beauté chorale qui s'en dégage !

David-Emmanuel - Le B.O.vore