Le Saut de l'Ange / R.A.S

Réalisé en 1971 par Yves Boisset, Le Saut de l'Ange met en vedette Jean Yanne, Senta Berger et Sterling Hayden. L'intrigue porte sur une bataille électorale qui fait rage à Marseille. Le clan corse, dirigé par la famille Orsini, est contesté par la nouvelle génération, de jeunes gangsters qui soutiennent la candidature de Forestier, un promoteur immobilier. Pour assurer son élection et mettre la main sur la ville, Forestier ne recule devant rien et fait liquider un à un les frères Orsini. Au cours de cette opération de nettoyage, une petite fille est accidentellement abattue. Son père, Louis Orsini, ancien mercenaire, décide de se venger...

C'est par l'intermédiaire d'ami que François de Roubaix fait la connaissance de Yves Boisset. Ce dernier apprécie sa musique qu'il a pu découvrir au travers des films de Robert Enrico et de José Giovanni. Ce qu'il lui plaît le plus chez le compositeur, c'est son utilisation d'instruments insolites. Il est également séduit par son charme et son humour parfois décalé. À ce moment-là, Le Saut de l'Ange est en préparation qu'il définira plus tard comme « un film d'action, une bande dessinée très amusante, avec une foule de bagarres, de poursuites de gags ».

Mais qu'importe, Yves Boisset confie les rênes musicales de son film à François et inaugurera ainsi leur première collaboration. Comme une partie du film se déroule en Thaïlande, pour le thème principal, François utilise le sitar indien. Il était déjà familiarisé avec cet instrument en composant quelques mois plus tôt une délicate mélodie pour Attacus, un reportage consacré au plus grand papillon du monde et filmé par son père.

Outre les séquences tournées en Thaïlande qui sont symbolisées par le sitar, le retour du héros à Marseille est plus français et est symbolisé par l'accordéon. François a également l'occasion d'écrire une musique de film dans le film pour illustrer une séquence de poursuite et de bagarre dans un cinéma en plein air. Une musique large produite par un orchestre d'une cinquantaine de musiciens, avec flûte, hautbois, clarinette, basson, marimba, xylophone, harpe ainsi que quatre trompettes, quatre trombones, quatre cors et un quadruple quatuor, le tout marqué par des ponctuations de timbales.

Édité sous le label Epic et uniquement en 45 tours (single) lors de la sortie du film, cette partition à fait l'objet d'une édition CD plus complète chez Quartet Records en 2016 et un LP en 2018 chez Transversales Disques.

Au final, François de Roubaix signa une partition envoûtante, mélodique, délicate mais toujours insolite et éclectique enregistrée sur son habituel magnétophone 8 pistes dans son home studio parisien. Une BO que je recommande vivement.

FilmClassic Soundtrack