The Best Years of Our Lives

C’est après avoir lu un article dans le magazine Time, qui décrivait les difficultés rencontrées par les Marines à leur retour à la vie civile que le célèbre producteur Samuel Goldwyn a eu l'idée de réaliser un film basé sur la reconversion des soldats. Il a engagé le correspondant de guerre MacKinlay Kanto pour écrire l'histoire, qui s’intitulait ‘Glory for Me’, puis a fait appel au réalisateur William Wyler et à Robert Sherwood, son dramaturge attitré, pour l'adapter au grand écran. Ils ont réuni un ensemble d'acteurs de premier ordre, dont Fredric March (Al Stephenson), Myrna Loy (Milly Stephenson), Dana Andrews (Fred Derry), Virginia Mayo (Marie Derry), Cathy O'Donnell (Wilma Cameron) et, pour plus d'authenticité, le nouveau venu Harold Russell (Homer Parrish), un vrai militaire qui a perdu ses deux mains pendant la guerre.

The Best Years of Our Lives (fr : Les Plus Belles Années de notre vie) suit les efforts de Homer et de deux autres soldats pour se réinsérer dans la vie civile. Chacun d'entre eux vient d'un milieu différent et a une situation familiale différente. Bien qu'ils partagent chacun la même inquiétude à l'idée de reprendre une vie normale, il va s'avérer que chacun va devoir surmonter des difficultés plus ou moins importantes pour renouer le fil de sa vie sentimentale et conjugale à celle qui était la sienne avant la guerre...

Le film s'est avéré être un énorme succès commercial et critique, obtenant huit nominations aux Oscars et en remportant sept (1), dont un pour la meilleure musique de film.

Travaillant depuis une décennie au sein de la mecque hollywoodienne comme arrangeur et orchestrateur, voire compositeur mais sans que son travail soit crédité, Hugo Friedhofer a été contacté par Goldwyn et Wyler pour qu'il compose la musique de leur nouvelle production. Les deux hommes lui ont clairement fait comprendre qu'ils ne voulaient pas du mélodrame classique du son hollywoodien européen et qu'ils préféraient une musique américaine traditionnelle.

Friedhofer a donc fourni une partition chaleureuse et nostalgique, mais sous ce vernis idéalisé se cachaient des courants d'anxiété et de combats des vétérans qui revenaient au pays. Bien qu'il ait suivi les instructions Goldwyn et Wyler, il a néanmoins utilisé la méthode traditionnelle des leitmotivs hollywoodiens pour exprimer sa musique. Il convient de noter sa splendide utilisation de la triade, l'accord qui constitue la base de plusieurs de ses thèmes. En raison de leur structure triadique commune, ces thèmes sont construits de la même manière et s'imbriquent bien dans le tissu de la partition.

Il y a ainsi le thème principal, dont la phrase A nous informe de la tradition militaire américaine la plus raffinée, tandis que la phrase B suggère l'incertitude dans laquelle se trouvent les soldats qui rentrent au pays.

Le thème tendre et romantique de ‘Peggy’ (A4) évoque la romance entre Fred et Peggy et constitue le second thème d'amour de la partition.

Vient ensuite le thème fougueux et « copelandnesque » de ‘Boone City’ (A3), qui déborde d'une merveilleuse joie de vivre.

‘Le Neighbors’ (B1) est un thème, riche en bois, est rempli de l'optimisme recherché par le retour des hommes à la maison.

Le thème de Wilma est le principal thème d'amour de la partition. On le retrouve à la fin du LP (B4). Il offre une déclaration douce, tendre et lyrique, portée par des bois ou des cordes gentils, qui capture parfaitement sa beauté intérieure.

Bien que William Wyler n'a jamais apprécié la partition de Friedhofer et l'aurait même méprisée, cette partition, sincère et évocatrice, a assuré au compositeur sa place au Panthéon des Grand de la musique de film (2). Le film raconte l'histoire de trois hommes qui reviennent de la guerre et s'efforcent de reprendre leur vie en main. Friedhofer avait pour mission de s'adresser à chacun de ces récits et il y est parvenu avec brio !

C’est probablement l’une des plus belles réalisations de Friedhofer qui prend place dans les couloirs sacrés comme l'une des plus belles de l'âge d'or.
Je recommande vivement cette partition comme un élément essentiel de votre collection.

(1) Deux Oscars supplémentaires ont été décernés par l'Académie : un Oscar honorifique au soldat Harold Russell pour avoir apporté espoir et courage à ses camarades vétérans par son apparence, et le Irving G. Thalberg Memorial Award au réalisateur William Wyler, dont l'ensemble de l'œuvre a reflété une qualité constante de production cinématographique.

(2) Ce film a été le premier à être produit avec le nouveau système stéréophonique Westrex Recording, une étape importante dans l'histoire de l'art de la musique de film.

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