Elysium

Neill Bloomkamp, le réalisateur du très populaire District 9 retrouve les planches de tournage avec ce nouveau film de science-fiction. Nettement moins original que District 9 qui avait en 2009 apporté une nouvelle façon de filmer la SF, on se retrouve avec Elysium face à un film nettement plus formaté pour Hollywood, avec des scènes d’action ordinaires et un héros stéréotypé. Pourtant, le film est très loin d’être raté ! On ressent l’ambition du réalisateur de montrer sa vision très pessimiste du futur où l’écart entre riches et pauvres est de plus en plus marqué. Le scénario est très bien ficelé de manière à ce qu’on ne sache jamais vraiment à l’avance ce qu’il peut arriver. Mention pour l’acteur Sharlto Copley qui incarne ici un méchant vraiment terrifiant bien qu'un peu cliché. Donc oui, on est très loin de l’originalité de Disctrict 9, mais c’est malgré tout un film réussi qui brille particulièrement de son idée de départ qui garde en haleine tout du long.

Après avoir fait appel à Clinton Shorter, Neill Bloomkamp s’est tourné vers un tout jeune compositeur répondant au nom de Ryan Amon. Ce dernier est le fondateur du groupe City of the Fallen, spécialisé dans les musiques de bandes d’annonce. Il s’agit donc de la toute première musique de film pour Amon, une opportunité rêvé pour tout jeune compositeur. Qu’en est-il ? Ben… Il ne fait nul doute que si vous êtes friand des musiques d’action de chez Remote Control, la musique d’Elysium devrait vous ravir car elle se contente de mixer toute les recettes efficaces du genre entre elles. Le résultat à l’image passe presque inaperçu tant la musique se fond dans le décor, mais elle manque cruellement d’idées et d'ambition. 'Heaven and Earth' en est le parfait exemple. Une ambiance synthétique froide qui laisse voir l’étendue désastreuse de la planète Terre, puis tout à coup un grand coup de cuivres graves à la Inception pas tellement justifié laisse place à une ambiance sans vie au synthé parcouru d’un solo tragique de violon. Une piste introductive efficace mais banalisé de tout repère thématique (d’ailleurs ne recherchez pas de thèmes dans ce score, il n’y en a pas !). Après ça, 'Fire Up The Shuttle' nous propose un premier morceau d’action avec ostinato de violons (comme Zimmer), percussions massives (comme Zimmer) et cuivres graves imposants (comme Zimmer). Les notes sont toujours longues et écrasantes pour faire le plus de bruit possible, elles s’enchaînent sans fil directeur et il n’y a pas de contretemps qui camouflerait un peu la monotonie de la musique. C’est plat, pas original, même si ça se laisse discrètement écouter.

Vous le devinez, pas grandes nouveautés par la suite ! On enchaîne après ça avec des ambiances atmosphériques futuristes pleines d’effets de bruitages électroniques, alternés avec des morceaux d’action sans surprises qui se ressemblent entre eux. Evidemment, on pourra aussi compter sur des moments d’émotions prenants où une voix éthérée vient parfois apporter un côté lyrique à la musique (comme Zimmer). Parmi ces pistes, on peut compter les émouvants 'I Don’t Want to Die' et 'Breaking a Promise'. Une piste s’autorise à sortir un peu des sentiers battus, le bizarre 'You Said You'd Do Anything' avec ses voix déformés très étranges qui apportent enfin un peu de nouveauté à la musique (même si c’est moche !). Enfin, parmi les moments forts, on peut compter 'You Have No Idea' avec ses chœurs grandioses qui feront forcément leur petit effet, ainsi que 'Elysium' qui se sépare enfin des effets électroniques lourdauds, même si ça reste assez peu original et que la scène aurait mérité une musique plus humaine.

Vous l’aurez compris, la B.O. d’Elysium n’est ni originale, ni spécialement belle, ni même particulièrement efficace avec le film. Non pas qu’elle soit hors-sujet, elle ne fait juste qu’apporter une ambiance froide, dépourvu d’émotion et se montre très bruyante par moments. Ryan Amon se contente de mixer n’importe comment ce qu’il a entendu chez Hans Zimmer sans subtilité, tout en apportant les bruitages électroniques si populaires aujourd’hui, franchement on trouve facilement mieux ailleurs. Il est regrettable de voir qu’à l’heure actuelle, la plupart des orchestres ne sont constitués que de violons et de trombones que l’on noie sous des synthés qui semblent être placés au hasard sur la partiti… sur la timeline. Ryan Amon a donc préféré écrire une musique tout simplement futuriste, déshumanisé et qui au final, il faut bien le dire, est assez cohérente avec le film. Le problème, c’est qu’à l’heure actuelle, tellement de gens font ce même type de musique qu’au final, elle paraît très basique, et au lieu de créer un son spécial propre au film, il semble faire comme les autres. C’est le problème des synthés : tellement de gens ont maintenant accès à des banques sonores si diverses qu’on finit par ne plus les différencier entre elles, et vu que les compositeurs font de moins en moins de mélodies, de moins en moins d’orchestrations, toutes les musiques finissent par se ressembler. En espérant revoir Amon sur un sujet qui l’inspirera plus, en attendant, ça reste un peu faiblard pour un coup d’envoi.