NE BLAMEZ PAS ELFMAN !!
On répète souvent que la vérité finit toujours par éclater… Mais, comment la Warner a-t ’elle osé nous assurer que le theatrical cut de son Justice League (2017) demeurait conforme à la vision de Zack Snyder alors que l’illustre Danny Elfman indiquait avoir élaboré ses partitions sur la simple base de storyboards ? L’implication de Joss Whedon, figure emblématique de Marvel Studios, n’était-elle pas décrite comme « mineure » ? Et les œuvres de Hans Zimmer et Junkie XL (alias Tom Holkenborg) ne font-ils pas partie intégrante de cette mythologie initiée par Man of Steel (2013) et Batman v Superman : L’Aube de la Justice (2016) ? Tous ces indices laissaient déjà pressentir l’un des pires souillages de l’histoire du comic book movie ! Nous n’avions pourtant pas mesuré l’ampleur du massacre… Par son approche avant-gardiste rétrograde, la musique de Danny Elfman s’emploie à dénaturer l’essence même des travaux de ses prédécesseurs pour accompagner cette métamorphose tonale imposée par la version édulcorée de Joss Whedon ; vaine tentative de séduire une communauté de fans biberonnée à l’humour bankable de Marvel. Si la transition est aussi indigeste que les innombrables reshoots orchestrés par la Warner et le réalisateur des deux premiers Avengers, c’est notamment parce qu’elle se calque sur le pattern de son redoutable concurrent : thématiques plus marquées (« Hero’s Theme »), instrumentations proches du mickey-mousing (« The Amazon Mother Box », « A New Hope », « The Final Battle ») et continuité irrégulière. Outre la vulgarisation orchestrale du riff de Wonder Woman (« Wonder Woman Rescue »), la resucée maladroite du « Superman’s Theme » de John Williams (« Friends and Foes ») et l’utilisation prétentieuse de son propre « Batman’s Theme » (« Then There Were Three », « The Tunnel Fight », « The Final Battle ») achèvent de désacraliser l’aura des protagonistes. Et comme si ce remodelage honteux ne suffisait pas, l’auteur pioche dans ses précédents succès super-héroïques pour pallier l’urgence de la situation ; Elfman ne disposant que de cinq mois pour tout boucler. Les Amazones protègent vaillamment Themyscira sur des variations du thème de Hulk (A. Lee, 2003) (« The Amazon Mother Box »), la Justice League lutte contre l’invasion de Steppenwolf sur fond de violons intrépides et chœurs scandés rappelant Spider-Man (S. Raimi, 2001) (« Justice League United », « The Final Battle ») avant que leur victoire ne soit célébrée par les timbres mielleux d’Avengers : L’Ere d’Ultron (J. Whedon, 2015) (« A New Hope »). A ce stade, on pouvait même s’attendre à une apparition furtive de son générique de la série télévisée The Flash (P. DeMeo & D. Bilson, 1990-1991) ! Ou, tant qu’à faire, celui de Lolita Ritmanis, Michael McCuistion & Kristopher Carter pour la série animée à succès Justice League (P. Dini & B. Timm, 2001-2006) ! Au moins, l’impact aurait été plus intense que son main theme insipide, générique et fonctionnel, qui exaspère par sa simplicité (« Hero’s Theme », « Justice League United ») ! Le Justice League de Joss Whedon aurait-il eu meilleure allure s’il avait conservé l’esthétique musicale de son univers ? Probablement ! Et pour en avoir le cœur net, une vaste communauté de fans exaspérés milite pour la sortie de la version originelle de Zack Snyder : le mouvement Release The Snyder Cut vient de naître…