How to Train Your Dragon 2

'How To Train Your Dragon' (2010), c'était une petite révolution dans le domaine du film d'animation. L'une des premières fois qu'un DreamWorks venait chasser sur les terres de Pixar, troquant l'humour ultra-référencé pour une grande aventure épique, mature, destinée à conquérir le coeur de tous ses publics. Composante indéniable de cette recette, la musique signée John Powell était à couper le souffle, probablement la meilleure jamais écrite par ce compositeur au CV pourtant bien rempli (qui a reçu à cette occasion sa première nomination aux Oscars, bien que cela ne veuille scrictement rien dire, 'The Social Network' ayant raflé la récompense cette année-là).

La musique originale du premier volet était d'une telle richesse qu'on n'osait pas attendre le miracle de la part de John Powell, et qu'on s'attendait presque à être déçu. Quel plaisir donc, dès la première écoute, de voir ces sombres pensées balayées d'un revers de main: Powell a encore frappé, et très fort. Si ces dernières années le compositeur ne livre plus qu'une B.O. de temps en temps, la qualité n'est pas en reste. Toujours aussi à l'aise avec son orchestre géant et ses thèmes complexes bourrés d'idées et d'énergie, Powell parvient sans peine à égaler son chef d'oeuvre de 2010.

Les thèmes qui avaient fait merveille dans le premier volet sont ici de retour et sont comme neufs, enrichis d'une nouvelle orchestration qui leur donne une deuxième vie ('Dragon Racing').

Les nouveaux thèmes, pour la plupart liés à de nouveaux personnages, ne sont pas en reste. 'Flying with Mom' propose un travail très intéressant au niveau des choeurs, et va comme un gant à un personnage doux mais un brin farfelu. 'Meet Drogo', la première apparition du grand méchant, débute avec une part de mystère, avant de monter crescendo au fur et à mesure qu'on découvre ce personnage.

Un troisième nouveau thème, entendu dans 'Together We Map The World', évoque la découverte du monde présenté dans ce deuxième volet, qui étend largement les frontières du premier, au fur et à mesure que le personnage principal gagne en maturité. Un thème rêveur, majestueux mais tout en retenue, qui sera repris sous divers angles tout au long de l'album (et dans sa plus brillante version dans 'Toothless Found').

Mais c'est à partir de 'Battle of the Bewilderness' que How To Train Your Dragon atteint son apothéose, un long climax qui durera jusqu'à la fin de cet album. Anciens et nouveaux thèmes se croisent et s'entrecroisent dans une folie virtuose dont John Powell a le secret. Les choeurs en particulier sont le moteur de l'action, et l'utilisation qui en est faite est tout simplement jubilatoire. C'est tellement épique et éclatant qu'on en oublierait qu'on est dans un film d'animation.

'Stoick Saves Hiccup' propose un développement brillant, illustrant à la perfection l'une des scènes clé du film. Débutant comme une trêve dans le combat final, le morceau prend une tournure dramatique inattendue en montant crescendo jusqu'à un final particulièrement intense, immédiatement suivi par 'Stoick's Ship', probablement le morceau le plus émouvant de l'album. Emouvant et superbement orchestré, cet hommage solennel est sublimé par un mélange de choeurs et de cornemuses.

La folie orchestrale repart ensuite de plus belle avec 'Alpha Comes To Berk', 'Toothless Found' et 'Two New Alphas', final éclatant à ce deuxième volet éclatant.

John Powell a beau être dans une semi-retraite, il répond présent pour les projets qui le captivent le plus, et y met tout son coeur, son talent et son énergie. 'How To Train Your Dragon 2', c'est un album brillant de A à Z, qui déborde d'une énergie survoltée, d'une imagination sans bornes et d'une puissance mélodique rare. A écouter d'urgence.