Daughters Of Darkness
Les Lèvres rouges

Durant l’été 1971, le réalisateur belge Harry Kümel tourna en quelques semaines, à Ostende (Belgique) Les lèvres rouges (Daughters Of Darkness). Il a eu l’idée du sujet en sortant du bureau des producteurs qui lui demandaient une histoire commerciale, comprenant du sexe et du sang. Il s’arrêta à un kiosque à journaux et acheta une revue, dont une partie est consacrée à Elizabeth Bathory, une comtesse vivant au XVIè siècle en Transylvanie et qui faisait égorger des jeunes femmes vierges pour se baigner dans leur sang et ainsi entretenir la jeunesse de sa peau.

Coproduit par plusieurs pays qui envoient chacun un acteur, c’est Henry Lange, l’un des producteurs qui pensa que François de Roubaix pouvait composer la musique. Avec l’appui d’un musicien roumain, il suggéra d’introduire une inspiration hongroise en utilisant le cymbalum. Alors que Kümel pense à une musique symphonique grandiloquente, François se dirigea vers quelques chose de plus dépouillée, lyrique, avec des voix droites, sans trémolos, qui obéissaient aux rares notes de cymbalum. À nouveau, il utilisa des membres des Swingle Singers (avec lesquelles il avait déjà collaboré à plusieurs reprises), avec quelques cordes qui dérapent, un motif tournant à une harpe et une timbale. L’atmosphère qui en sort traduit bien la nudité des paysages ou des corps, ainsi que la froideur de l’hiver. Une guitare saturée ouvre et ferme le film et donne vraiment le frisson, comme le passage de la lame d’un rasoir sur la peau. Au final, même si Kümel souhaitait une autre approche musicale, il est impressionné par le travail de François, qui travailla sur la parution d’un LP, mais qui devra se contenter d’une sortie en 45 tours, qui est aujourd’hui très rare à trouver.

Entre 2018 et 2021, une attention toute particulière à cette musique a été donnée par le label hollandais Music On Vinyl, qui l’a édité pour la toute première fois en 33 tours. Le même label sortira une réédition du 45 tours et deux ans plus tard (2021), une édition spéciale comprenant les deux formats.

Par rapport à d’autres œuvres (Les Aventuriers, Dernier domicile connu, le Rapace …), Les lèvres rouges n’est pas la meilleure composition de François de Roubaix. Néanmoins, celui-ci, au travers de sa musique a certainement traduit l’esprit du film, qui demeure un classique du film d’horreur.

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