La Ronde

Venue en France en 1964, pour participer au tournage du film ‘Les Félins’ de René Clément aux côtés d’Alain Delon, Jane Fonda ne comptait pas tourner une partie de sa filmographie dans l’Hexagone. C’était mal connaître la puissance de tir de Cupidon, toujours prompt à darder une flèche là où on ne l’attendait pas forcément. Pygmalion de ses compagnes et épouses successives, Roger Vadim n’est pas demeuré longtemps insensible face au charme de la fille d’Henry Fonda. En moins de temps qu’il a fallu pour le dire, Vadim l’a façonnée en « sex-symbol », la décrivant en une sorte de « Bardot à l’Américaine ».

C’est ainsi que quatorze ans après La Ronde de Max Ophüls (1950), le couple tournèrent La Ronde (Engl : Circle of Love). L’histoire englobe dans son ballet affectif une prostituée, un soldat, une soubrette, un jeune homme aisé, une femme mariée, un époux, une midinette, un auteur à la mode, une vedette de la scène et un comte. Un des deux protagonistes de chaque couple amoureux forme une chaîne lorsqu'il change de partenaire : c’est la ronde de l’amour qui passera par toutes les couches de la société, y compris l'interlope. Cette ronde se refermera en retrouvant le protagoniste qui l’ouvrit avec un partenaire différent...

Le public de l’époque attendait de pied ferme la variation proposée en ce milieu des sixties et Vadim savait qu’il ne devait pas le décevoir. Si Jean Anouilh était capable de lui procurer des dialogues sur mesure, Michel Magne, de son côté, lui renouvellerait le miracle du ‘Repos du guerrier’ et ‘Le Vice et la vertu’, sorti deux ans auparavant.

Après Bach et Wagner, la partition loucherait du côté de la Vienne impériale, avec une valse lente et délicate. Mais sa partition ne se limiterait pas à un seul motif orchestral. En effet, il suffit d’écouter la BO pour se rendre à l’évidence qu’on se trouve en présence d’un vrai florilège de thèmes, abordant tous les styles 1900 sans jamais être ennuyeux. Avec beaucoup d’élégance et un zeste d’humour, le maestro a brodé une fausse musique d’époque bourrée de références, comprenant une polka, de l’accordéon, des valses, un tango, les plaintes déchirantes d’un violon gitan et bien entendu, un leitmotiv qui servait de fil conducteur entre toutes les rencontres amoureuses.

Édité lors de la sortie du film en LP, il est paru en France (Ducretet Thomson), en Allemagne (Telefunken) et aux States (Monitor Records), cette partition a été récemment (2019) rééditée par Music Box Records avec deux autres compositions de Michel Magne (La Chasse À L’Homme et À Cœur Joie).

Cette BO est, selon moi, une musique acquérir si vous êtes fan de Michel Magne, un compositeur remarquable qui nous a, au travers de son travail, plus d'une fois étonné.

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