Boccaccio '70

Regroupant quatre contes contemporains inspirés par les satires misogynes de Boccace et de Guy de Maupassant (trois selon certaines versions de pays où le film est sorti), Boccaccio ‘70 est une production franco-italienne sorti en 1962. Quatre histoires différentes demandant quatre réalisateurs ... et trois compositeurs (1).

‘Renzo E Luciana’ a été réalisé par Mario Monicelli. Il s’agit de l’histoire d’un jeune couple qui tente de cacher son mariage et la supposée grossesse de sa femme aux règles draconiennes de son lieu de travail, qui interdit aux employées de se marier et d'avoir des enfants. Initialement prévu pour apparaître en premier, ce sketch a été supprimé avant la première du film au Festival de Cannes 1962 et ensuite lors de son exploitation en France (Idem aux States). depuis lors, cet opus a été réintégré. La musique au ton jazzique est signé Piero Umiliani.

Le second est intitulé 'Le Tentazioni Del Dottor Antonio' (fr : Les Tentations du docteur Antoine) Signé Federico Fellini, il raconte les mésaventures du docteur 'Antonio Mazzuolo', un homme d'âge mûr, qui s'est donné pour mission de protéger la moralité et l'ordre public de Rome contre ce qu'il considère comme le vice, le crime et l'immoralité dans la ville. Mais un jour, est installée sous ses fenêtres une gigantesque affiche publicitaire pour les bienfaits du lait sur laquelle apparaît une blonde plantureuse (Anita Ekberg) dans une pose lascive et provocante... Ayant déjà collaborer à plusieurs reprises avec le cinéaste, notamment 'Le notti di Cabiria' en 1957 et 'La Dolce Vita' trois ans plus tard, c’est Nino Rota qui se chargea de la musique. On épinglera la séquence 'Bevete più Latte', où Rota composa une mélodie guillerette soutenu par une voix de gamines qui revient de manière insistante pour accompagner une gigantesque affiche promotionnelle d’une marque de lait, comme pour souligner la lourdeur du matraquage publicitaire.

Écrit par Suso Cecchi d'Amico et réalisé par Luchino Visconti, 'Il Lavoro' (fr : Le travail) est l'histoire d'un couple d'aristocrates, dont le mari est surpris par la presse en train de rendre visite à des prostituées. Après avoir déclaré qu'elle avait désormais l'intention de travailler pour gagner sa vie, son épouse, Pupe (Romy Schneider) demande à son mari de payer ses services sexuels, ce qu'il accepte. Avec cet opus, Nino Rota récidive sur cette production avec une excellente musique jazzique soutenue à la trompette, au piano et au saxo... UN RÉGAL !

Enfin, le dernier opus : réalisé par Vittorio De Sica, 'La Riffa' (fr : La Loterie) raconte comment la plantureuse 'Zoé', employée du stand de tir de son frère, est mise en loterie. L’heureux gagnant est le timide et impuissant sacristain 'Cuspet', alors que la belle est amoureuse d’un certain 'Gaetano'... Musique signée Armando Trovajoli, celle-ci tourne plus vers une musique foraine. Il y a les chansons ‘Soldi, soldi, soldi’, et ‘Riffa cha cha’, interprétée par l’inoubliable Sophia Loren avec des paroles de Nora Orlandi, Pietro Garinei, Sandro Giovannini et Gorni Kramer.

Comme la distribution du film où certains pays on purement et simplement supprimé le sketch 'Renzo E Luciana', l’édition LP RCA outre-Atlantique (US, Canada et Amérique du Sud) a esquivé la partition de Piero Umiliani, ce qui n’est pas le cas de l’édition originale italienne et française. Je précise enfin qu’il existe une édition italienne livrée dans une triple jaquette élaborée avec les quatre actrices du film, ainsi qu'une pochette intérieure reproduisant les mêmes photos que celles de la jaquette. Seul, 100 exemplaires ont été imprimés et sont aujourd’hui rarissimes.

Si Rota, Umiliani et Trovajoli laisse un sourire en coin auprès d'un public plus enclin à écouter Goldsmith, Williams ou encore Zimmer, il faut reconnaître que l'influence de ces compositeurs se perçoit encore aujourd’hui dans de nombreuses partitions contemporaines. C’est notamment le cas pour celles de Nicola Piovani, Dario Marianelli, Danny Elfman, Alexandre Desplat, pour ne citer qu’eux.

Quel que soit être le support que vous possédez, c’est un album pour certain à découvrir, à redécouvrir pour d'autres et à classer parmi les grands Maestro de l'âge d'or de la musique de film italienne.

(1) Les séquences musicales sur le LP ne sont pas reprises chronologiquement comme dans le film.

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