Images

Réalisé par Robert Altman en 1972, Images est un thriller psychologique qui nous entraîne dans les méandres de l'esprit torturé de Cathryn (Susannah York), une écrivain spécialisée dans les récits pour enfants. Alors qu'elle travaille sur son prochain ouvrage, la jeune femme reçoit des appels téléphoniques angoissants qui lui révèlent les tromperies de son mari. Pire, quand celui-ci rentre à la maison, elle ne le reconnait pas et voit un autre homme à sa place...

Altman était spécialisé dans les films à narration très spéciale, où souvent l’intrigue était de seconde importance. Généralement, il préférait se concentrer sur des personnages isolés et sur des atmosphères lourdes. Sa façon de faire, tant désirée, se présentait surtout dans de très longues séquences, généralement surpeuplées de personnages, tous parlant en même temps, enregistrés par une caméra en mouvement constant, ce qui rendaient difficile l’inclusion de blocs musicaux.
Pourtant, pour Altman, la musique dans les films était un élément qui devait être respecté et demandait une réponse exigeante de la part du réalisateur, qui était conforme aux caractéristiques de la mise en scène, de l’intrigue et de l’esthétique correspondante et qui ne se limitait pas à une application traditionnelle.

La collaboration entre Robert Altman et John Williams a débuté de la fin des années 50, avec la série télévisée M Squad. Cependant, professionnellement, leur relation s’est concentrée sur les années 1960 et 1970, principalement dans le travail télévisuel (épisodes de la série Kraft Mystery Theater, Kraft Suspense Theater, et le téléfilm Nightmare in Chicago) et avec seulement deux longs métrages, celui qui nous intéresse aujourd’hui IMAGES, et The Long Goodbye (fr : Le Privée), en 1973.

La composition de Williams pour Images est, tant pour son processus créatif que pour les résultats, une bande-son absolument extraordinaire, dans le sens le plus exact du terme, aussi inhabituelle que le film lui-même par rapport au courant dominant de l’histoire cinématographique. Son plus grand succès est peut-être que la musique n’est qu’une partie (bien que primordiale) d’une conception sonore intelligente qui vise à installer le spectateur à un niveau d’instabilité en tant que récepteur de messages audiovisuels dont la véracité ne sera jamais certaine. Cette instabilité est celle de la protagoniste, Cathryn une femme qui passe de tout avoir dans la vie en quelques jours à être plongée dans le plus atroce des cauchemars, victime d’une schizophrénie galopante qui la transformera en meurtrière.

Pour accentuer cette hécatombe mentale, Williams à juxtaposé deux types de musique radicalement différents : l’un de style mélodique, classique, presque enfantin, l’autre expérimental, irritant, un catalogue de bruits et d’effets acoustiques de toutes sortes, sans manquer de cris et de grognements, pour lesquels le compositeur a utilisé Stomu Yamash ́ta, un percussionniste japonais. Cette dualité musicale lui a permis de décrire comment la folie s’installe progressivement et irrémédiablement chez la protagoniste.

Il est regrettable que la collaboration entre Altman et Williams n’ait pas été plus fructueuse. Les raisons qui ont motivé cette interruption pourraient bien être la distance croissante que le succès et ses revers marquaient entre les trajectoires des deux : alors qu’Altman perdait de la vitesse et de la crédibilité dans l’industrie cinématographique, Williams gonflait sa filmographie avec des blockbusters et de grands titres. Le reste appartient à la légende ...