Premier long métrage de Rupert Sanders, Snow White and the Huntsman est une adaptation du célèbre conte des Frères Grimm, Snow White (Blanche-Neige) déjà adapté dans plusieurs films dont le plus marquant reste sans aucun doute celui de Disney en 1937. Le réalisateur, il y a peu encore inconnu du grand public, se voit déjà offrir un sujet fort ambitieux puisqu’il s’agit ici d’une adaptation guerrière et épique du conte. J’appréhendais énormément ce long-métrage, je craignais que cela ne pourrisse l’histoire de Blanche-Neige en ne la transformant qu’en un vulgaire divertissement Hollywoodien sanglant et sans prétention. Heureusement, plus de peur que de mal. On remarque déjà chez le jeune réalisateur une forte habileté derrière la caméra et on sent une envie de bien faire avec de bons plans, une direction d’acteur très honorable et d’impressionnants effets spéciaux. La base de l’histoire est suivie, mais le réalisateur n’hésite pas à y apporter quelques nouveautés rarement déplaisantes. On n’évite cependant pas les vieux clichés du genre, avec des moments épiques convenus et des allusions fantastiques au Seigneur des anneaux ou aux films d’Hayao Miyazaki. Snow White and the Huntsman reste un bon film dans le genre, bien réalisé et agréable à regarder, mais manquant encore un peu de personnalité.
Le réalisateur semble avoir pris certaines exigences au niveau musical puisqu’il fait appel à un des meilleurs compositeurs œuvrant à ce jour, James Newton Howard qui vient d’achever quelques mois plus tôt le sympa mais sans plus The Hunger Games. Ici, le compositeur semble s’être laissé emballer par le sujet et nous livre une B.O. de grande qualité mélangeant le traditionnel orchestre aux traditionnels synthétiseurs.
!!! Attention, certains éléments majeurs de l’histoire vont être dévoilés par la suite,
il est fortement conseillé d’avoir vu le film avant lire ce qui va suivre !!!
Le thème principal associé à Blanche-Neige est présenté par des cors au début du très beau 'Snow White', piste introductive du film dont le piano à lui seul apporte déjà toute la magie du conte. Les instruments à cordes se joignent ensuite au mouvement jusqu’à ce que le thème de Blanche-Neige soit repris plus amplement par des violons rappelant certaines reprises du thème principal de I Am Legend.
La terrible reine possède un thème diabolique très pesant entendu pour la première fois dans 'Something For What Ails You'. Ces deux notes ascendantes suivies de deux notes descendantes correspondent au côté machiavélique de celle-ci. Finn, le frère de cette reine possède lui aussi son propre motif entendu dans 'I’ll Take Your Throne' ou encore dans 'White Horse' (vers 1:02). Quand on s’y approche d’un peu plus près, on remarque qu’il s’agit en fait de la moitié du thème de sa sœur, et en effet dans le film, la reine doit la moitié de ses pouvoirs maléfiques à son frère grâce à une sorte de pacte qu’ils ont fait entre eux.
Les morceaux d’actions sont peut-être ce qu’il y a de moins innovant dans l’album. Cependant, difficile de ne pas se laisser emporter par le redoutable 'Escape From The Tower' lorsque Blanche-Neige s’évade du château, ou encore par l’agressif 'White Horse'. Deux grands moments orchestraux où les percussions mitraillent sous un flot déchaîné de cuivres entraînants.
James Newton Howard prend également au sérieux les moments plus intimes du score comme dans l’incontournable 'You Failed Me, Finn' où un violon soliste et un doux piano font penser à un mélange entre The Village et Lady in the Water. Puis l’on appréciera la douceur qui règne avec 'Journey To Fenland' alors que Blanche-Neige et le Chasseur se réfugie dans un paisible village dont les habitants cherchent à se protéger de la reine. La tristesse prend également une place importante et est transcrite comme elle se doit dans 'Fenland In Flames', 'I Remember That Trick' ou encore la petite chanson poussée par un des nains dans 'Gone' à la mort d’un des leurs. Une douce voix féminine vient par la suite prolonger avec nostalgie ce chant de tristesse.
On retrouve la fantaisie de la première piste avec 'Sanctuary'. Blanche-Neige arrive alors dans un endroit encore non dévasté par la reine et où créatures fantastiques vivent en harmonie dans ce lieu paradisiaque. On retrouve l'élégant piano puis l’orchestre toujours aussi bien exploité joue ce qui pourrait presque être un nouveau thème après 1:57 bien qu’il n’apparaisse qu’une seule fois dans l’album. La magie se poursuit avec 'White Hart' alors que Blanche-Neige se met à suivre des petits elfes à travers la forêt avant de rencontrer un cerf majestueux (tout droit sorti de Princess Mononoke). A ce moment-là, le thème de Blanche-Neige va être repris dans toute sa splendeur dans un élan d’espoir. A 4:25, la sérénité se rompt brutalement avec des sons synthétiques semblant montrer que la pureté de la nature est maintenant dérangée par les hommes voulant tout dévaster sur leur passage. Tout semble alors désordonné avec des cuivres agressifs et des percussions brutales.
'Death Favors No Man' débute dans la tristesse dans une ambiance synthétique grave alors que l’on pense que Blanche-Neige est morte. Puis le thème principal émerge et peu à peu le morceau gagne en intensité, signe d'un retour à la vie.
Nous voici enfin au tant attendu déchaînement final alors que tout le monde se révolte contre la reine dans une ultime bataille. 'Warriors On The Beach' est ainsi un remarquable morceau guerrier alliant habilement cuivres, percussions et chœurs. Seul regret, ces éternels ostinati qui sont du vu et du revu et dont JNH aurait pu facilement se passer. Le résultat et néanmoins tout à fait spectaculaire et devrait ravir les adeptes à la secte Remote Control. Notons également le thème de la sorcière qui revient à 0:37 et qui se poursuivra dans un admirablement dérangeant 'You Can Not Defeat Me'.
'You Can’t Have My Heart' nous replonge dans la tristesse avec des violons qui peu à peu prennent une forme de délivrance et de soulagement alors que l’on assiste à la mort de la méchante reine. Enfin, Blanche-Neige est sacrée nouvelle reine dans la dernière scène du film accompagnée par le serein 'Coronation'. Le thème de Blanche-Neige nous revient en force à la fin dans une variation inédite et victorieuse.
Snow White and the Huntsman marque un retour en force James Newton Howard qui ne nous avait plus offert un tel score depuis The Last Airbender. Ses récents travaux manquaient cruellement de personnalité et commençaient même à inquiéter plus d’un fan (au hasard, Green Lantern). Le revoici enfin avec une nouvelle partition riche et plus subtile qu’elle ne pourrait paraitre à première écoute. Le professionnalisme du compositeur se fait largement ressentir dans l’écriture. Les morceaux tristes et actifs sont encore un peu quelconques mais tout de même très prenant à l’écran et sur le CD. Nous n’atteignons certes pas l’inventivité ou l’excellence des musiques pour les films de M. Night Shyamalan, néanmoins Snow White and the Huntsman a une agréable tendance à s’orienter de ce côté-ci. Nous voici sans conteste face à une des meilleures partitions de cette première moitié d’année. Fortement recommandé.