Journey 2: The Mysterious Island

Bizarrement, Journey to the Center of the Earth en 2008 semble avoir eu suffisamment de succès pour qu’on lui accorde une suite. C’est donc Journey 2: The Mysterious Island qui raconte la suite des aventures de Sean Anderson (Josh Hutcherson) et de son beau-père Hank (Dwayne Johnson), un nouveau dans le scénario du fait du départ de Brendan Fraser, le personnage principal du précédent film ayant refusé de participer à celui-ci à cause du changement de réalisateur (pardon pour cette longue phrase). Journey 2: The Mysterious Island essaye donc de retracer le fameux livre de Jules Verne, l’Île Mystérieuse, avec beaucoup de liberté, et pour un public avant tout plus jeune, même si certains adultes y trouveront sans problèmes leur compte. Malheureusement, le scénario est très, très mince : la plupart du temps on suppose à l’avance ce qu’il va se passer. Il y a quelques bonnes idées qui surgissent (comme le volcan plein d’or), mais vite abandonnées par la suite. L’humour est omniprésent même s’il est assez facile, seules trois, quatre vannes nous voleront un sourire, venant toujours du fait que ce film s’adresse d’abord aux enfants. Mais tout n’est pas non plus à jeter. On entre rapidement dans l’action, il n’y a pas de perte de temps au démarrage, la mise en scène semble bien menée, les acteurs sont sympathiques et les décors magnifiques. Quant aux effets spéciaux, ils sont (heureusement) meilleurs que ceux du précédent film, même si on a quand même vu mieux. On a un certain plaisir à découvrir cette île en même temps que nos explorateurs, et les scènes d’actions sont tout de même intéressantes à suivre. Un film à regarder donc en famille et qui devrait ravir les plus jeunes.

Comme pour le précédent film, c’est le jeune Andrew Lockington qui se charge de la musique. Ce compositeur encore peu connu avait pourtant déjà écrit un score symphonique de grande qualité sur le premier opus avec un thème mémorable que l’on aura plaisir à retrouver sur ce second volet. Je dois avouer que je ne serai jamais allé voir le film au cinéma sans cette bande originale que j’avais au préalable écouter. Le résultat est à vous procurer des frissons lorsqu’il est relié avec les images du film. Sur ce score, Lockington semble même être allé au-delà de ce qu’il avait composé sur le précédent opus. Qu’on se mette d’accord, la musique n’apporte absolument rien au genre, le compositeur utilise l’orchestre symphonique habituel agrémenté de chœurs mixtes bien placés, mais il faut reconnaître un certain professionnalisme dans l’écriture et les harmonies que tous les compositeurs n’ont pas forcément.

'Vernian's Believe' nous rappelle la petite mélodie au piano qu’il y avait de même dans l’intro du 1er film et débouchant sur le thème principal ; sans surprise, mais toujours aussi efficace. 'The Attic' débute lui aussi sur un piano se mettant à jouer un même motif qui s’accompagne ensuite de quelques flutes et qui peu à peu sont rejoints par l’orchestre. Ce morceau sert d’introduction à la grande aventure sur un rythme rapide marqué par les violons pour montrer l’impatience des aventuriers d’en savoir plus. Ce morceau est aussi l’occasion de présenter le deuxième grand thème, celui de l’aventure, joué avec des cuivres et là encore, facilement méconnaissable.

Un des points forts chez Lockington, c’est sa capacité à écrire les variations de ses thèmes. Le thème principal est récurrent et pourtant, il ne lasse jamais. C’est parce qu’il n’est jamais répété deux fois de la même façon, à chaque fois les instruments, le tempo ou les harmoniques sont différents. Parfois même, les notes changent tout en gardant le fil directeur du thème de façon à ce qu’on le reconnaisse quand même.

Premier morceau d’action, 'Helicopter Crash' se montre d’abord angoissant avec des sonorités dissonantes, puis tout à coup, les cuivres se dérèglent et des chœurs affolés font leur apparition. 'Island Reveal' semble d’abord un peu perdu avec des instruments s’aventurant de temps à autre sur la partition, mais sans vraiment savoir où ils vont (j’adore les métaphores), mais les thèmes précédents réapparaissent par la suite pour accompagner la beauté du paysage sur l’île.

'Discovering Atlantis' correspond comme le montre le titre à la découverte de l’Atlantide, il va alors y avoir la présence d'un nouveau thème grandiose comme toujours très soigné dans l'écriture. Puis, chose nouvelle, l’apparition d’une voix féminine pimente la musique pour décrire l’immensité et le mystère qui entoure la cité. On relèvera aussi le retour entraînant du thème de l’aventure vers la fin. 'Who’s Up for an adventure?' est un morceau qui décrit la progression de nos héros à travers l’île avec la reprise des deux premiers thèmes. C'est le genre de musique habituel pour ce genre de scène, mais le compositeur écrit cela avec tellement de talent qu’il est impossible de ne pas résister au charme de cette piste. La voix féminine est là aussi présente, même si elle a malheureusement été sous-mixé dans le film.

D'autres morceaux plus posés comme 'The Treehouse' ou 'Campfire' nous raviront tout autant. Et petit bonus, la présence de 'What A Wonderful World' de Louis Armstrong, interprété par Dwayne Johnson lui-même dans le film et dans la B.O. sur les pistes 11 et 20.

Les animaux dangereux seront aussi symbolisés par un thème menaçant aux cuivres qui sera présent dans la plupart des morceaux d’actions tel que 'Lizard Chase' (à 0 : 27), ou encore 'Bee Chase' (à 2 : 40) après sa superbe reprise du thème grandiose. Les trois derniers morceaux d’actions sont de loin les plus réussis. Avant tout, remarquable reprise du thème grandiose dans 'Finding the Nautilus' où tout l’orchestre semble avoir été sollicité à grand renfort des chœurs. De même 'Let's Power This Thing Up' et 'The Nautilus Escape' utilisent plus que jamais la chorale qui va même se permettre de jouer la première voix de l’orchestre à certains moments (magnifique passage après 1 : 40 dans 'The Nautilus Escape'). Trois déchaînements orchestraux incroyablement bien menés qui raviront nos oreilles.

Et c’est après un sympa 'Sean's Birthday' que Lockington peut conclure sa B.O. avec le merveilleux 'Mysterious Island Main Titles' qui résume à lui seul toute la B.O. Tous les thèmes sont réunis (sauf celui des animaux), d’abord celui de l’aventure, puis le grandiose et enfin le thème principal qui se montre plus majestueux que jamais.

On a donc plaisir à retrouver Andrew Lockington sur cette nouvelle bande originale qui, à défaut de renouveler le genre, s’écoute avec la plus grande attention. On dénombre d’avantage de thèmes que sur le précédent film, toujours variés à toutes les sauces de façon à ce qu'on ne s'en lasse pas. Ce qui aurait été encore mieux, ça aurait été de changer un peu de registre au cours de l’album, par exemple utiliser des instruments moins habituels pour les scènes sous-marines. Mais cela reste quand même un très bon score plein d’énergie qui, espérons-le, ouvrira d’autres portes à ce compositeur plein de talent. Si vous n'avez pas vraiment envie de voir le film, prenez au moins quelques minutes pour écouter cette superbe B.O., vous ne serez pas déçu du voyage !