The Sandpiper

S’il y a bien une époque dominée par de profonds changements sociaux et culturels, issus d’une crise permanente dans tous les ordres, c’est sans doute les années 60. L’homme de cette décennie se rebelle non seulement contre la futilité des guerres ou des régimes dictatoriaux, mais brandit victorieusement sa liberté d’affronter le sexe sans complexes ou exige fermement l’égalité des hommes et des femmes, unissant ses forces pour s’opposer aux normes injustes émanant du pouvoir exécutif. Si cette vision ne cesse de se recharger – alimentée peut-être par les abîmes pédagogiques qui séparent les années 60 de sa décennie précédente, une partie de ce sentiment se ressent dans les productions cinématographiques. C’est le cas du film The Sandpiper (fr : Le Chevalier des sables).

Réalisé par Vincente Minnelli en 1965, cette histoire brise les tabous en narrant une romance adultère entre une jeune mère Laura (Elisabeth Taylor), contrainte de confier l’éducation de son fils au collège paroissial de San Simeon, et le pasteur Edward Hewitt (Richard Burton).

Ce film narrant les amours entre une libertine indomptable et une figure éminente de l’église, marié et père de famille, est un véritable défi moral pour une industrie cinématographique encline au message dogmatisant. Heureusement la musique, confié à Johnny Mandel, tend à s’atténuer grâce à l’introduction d’un concept musical romantique qui déplace l’action vers des limites magiques, isolant les amants au point qu’ils sont incapables de réfléchir aux conséquences de leurs actions. Mandel vient à la rescousse en tant que « pompier », pour donner au film une sensualité puissante avec laquelle évoquer un paradis terrestre tentant, coupé de l’extérieur, où il est possible, voire nécessaire, de se laisser emporter par les émotions. Sa partition transparente et élégante tourne autour d’un thème principal récurrent, la célèbre mélodie sur laquelle est basée la chanson oscarisée ‘The Shadow of your Smile’, avec des paroles de Paul Francis Webster. Associé à Laura avec l’ouverture du film, le thème souligne chacune de ses rencontres amoureuses avec le directeur de l’école.

Édité, à l’époque dans les pays anglophone, par le label Mercury, cette musique à tonalité douce et répétitive convient parfaitement bien à tous ceux qui apprécie le côté jazz « soft » ainsi qu’aux fans du compositeur Johnny Mandel.

FilmClassic Soundtrack