Black Swan

Pour le cinquième long-métrage de Darren Aronofsky, il était impossible de ne pas voir la partition entre les mains de Clint Mansell. Après Pi, Requiem for a Dream, The Fountain, et The Wrestler arrive Black Swan, et là, la musique va jouer un rôle particulièrement important puisqu’elle va accompagner la chorégraphie des danseuses du film. Les compositions vont interpréter parfaitement le titre : un côté blanc, un côté noir. Le côté blanc va être représenté par la musique classique dans la grande majorité des morceaux, et le côté noir par le synthétiseur.

Les quatre premières pistes seront construites uniquement avec de la musique classique. Le violon et le piano seront les deux instruments majeurs avec quelques fois des cuivres qui feront leurs apparitions ('Nina’s Dream'). On relèvera tout de même quelques légères éruptions de synthé, ('Nina’s Dream' ou 'The New Saison') mais il restera minimal.

'A New Swan Queen' marque un tournant dans l’album. Si le début du morceau reste sur la même longueur d’onde que les précédents, la deuxième moitié sera un peu plus inquiétante. En effet, la musique devient plus régulière, plus grave et l’on dénombre d’étranges bruitages. Le Clint Mansell que l'on connait bien est de retour !

Suite à cette piste, on sent que le film sombre dans l’horreur. Dans 'Lose Yourself' on commence à entendre des motifs répétitifs rappelant le film 'The Fountain'. 'Cruel Mistress' et 'Power, Séduction, Cries' arrivent à reproduire une ambiance assez inquiétante, sans l’aide des synthétiseurs. En revanche, cet instrument sera beaucoup utilisé pour 'The Double' accompagné par un motif au piano répété interminablement et des violons crispants que Clint Mansell aime tant.

Bon point pour 'Opposites Attract' qui avec sa montée vers l’angoisse nous crispe peu à peu les doigts.

Finalement, l’album atteint son sommet de terreur à la piste 11 grâce à 'Night of Terror' qui durant plus de huit minutes nous pétrifie soit avec son ambiance lugubre et son piano mystérieux, soit avec ses cuivres déchaînés et assourdissants qui nous ébranlent. Bonne frayeur aussi avec 'It’s my Time'.

C’est dans 'Stumbled Beginnings...' que l’on entend pour la première fois la musique du 'Lac des Cygnes de Tchaikovsky' remix by Clint Mansell, c’est à dire avec ses synthés qui nous font sursauter de temps à autre. Nous entendrons aussi ce thème dans 'A Swann is born' ainsi que dans le superbe 'Perfection', étant sans doute la pièce majeur de la B.O.

L’album se conclut avec le somptueux 'A Swan Song (for Nina)' qui est lui aussi une reprise au piano du 'Lac des Cygnes' avec en arrière plan un son inquiétant qui laisse voir que malgré la finesse musical apporté par le piano, tout n’est pas blanc. Puis, le piano s’estompe jusqu’à disparaitre. Clint Mansell a alors eu la drôle d'idée de ralentir tout un orchestre jouant le 'Lac des Cygnes' ce qui donne un ensemble assez… originale, mais tout de même plaisant. Quel imagination !

Avec ce Black Swan, Clint Mansell va innover adroitement un nouveau genre de musique sans pour autant supprimer ses petites habitudes qui rendent ses partitions uniques. On se retrouve au final avec une B.O. très différente d'une piste à l'autre, et même parfois très différente sur une même piste, ce qui peut contrarier certaines personnes.