LE MALÉFICE SONORE
James Newton Howard revient à une forme d'écriture plus classique après une période plus « expérimentale » fortement influencée par son étroite collaboration avec le vampirique Hans Zimmer (sur BATMAN BEGINS et THE DARK KNIGHT de Christopher Nolan) et particulièrement décriée par les aficionados du compositeur californien. On citera notamment MICHAEL CLAYTON, SALT, THE GREEN HORNET, THE TOURIST, GREEN LANTERN ou encore JASON BOURNE : L’HERITAGE. Cependant, lorsque l’on creuse sa filmographie, on y découvre que cette phase « zimmerienne » est grandement ponctuée par des approches plus orchestrales. Autant de travaux que l’on a tendance à oublier: JE SUIS UNE LEGENDE, HUNGER GAMES, LES INSURGES, LE DERNIER MAITRE DE L’AIR, AFTER EARTH ou encore BLANCHE NEIGE ET LE CHASSEUR. Il serait donc purement inadéquat de considérer que son MALEFIQUE est un retour à l’écriture symphonique. MALEFIQUE est d’ailleurs assimilé à une « résurrection » du compositeur ! On devrait plutôt parler d’une écriture symphonique plus poussée et prononcée, avec un JNH au sommet de son art.
Le musicien appose sa main de maître sur ce nouveau Disney après trois films d’animation pour le studio aux grandes oreilles entre 2000 et 2002: DINOSAURES, ATLANTIDE : L’EMPIRE PERDU et LA PLANETE AU TRESOR. Spécialiste de l’écriture minutieuse, le processus s’est étalé sur une période relativement longue : il fut attaché au projet depuis Octobre 2012 alors que la sortie du long-métrage était programmée à Mars 2014. Il s’ensuivit une recording session dans les studios d’Abbey Road, aussi éprouvante pour lui que pour ses musiciens. Howard y dessine les racines musicales de la célèbre sorcière dans une partition qui prend des allures « elfmaniennes » ; comme le prouvent ‘Maleficent Flies’ ou encore ‘Maleficent Suite’ avec cette utilisation si particulière des chœurs qui s’associent à des déchaînements orchestraux à faire pâlir John Williams ou Alan Silvestri ! Sa musique souligne à la perfection la dichotomie du personnage incarné par Angelina Jolie. D’une part, nous avons la maîtresse du mal ; la partie « la plus fun à écrire » selon lui, que l’on retrouve notamment dans ‘The Christening’; un morceau d’anthologie empreint de mysticisme et de féérie, porté par un chorus bouleversant nappé de quelques touches d’électronique discrète. L’aspect de sa personnalité le plus lumineux est caractérisé par l’utilisation de chœurs plus innocents (‘Maleficent Flies’) mais aussi par un piano mélancolique (‘Aurora in Faerieland’). Parmi cette grande richesse thématique, on distingue également 2 autres mélodies récurrentes : les envolées lyriques de cordes d’Aurore (‘Aurora in Faerieland’, ‘Queen of Faerieland’, ‘The Spindle’s Power’) et le love theme (‘Phillip’s Kiss’). Pourvu d’un classicisme débordant, cet enchantement sonore rallie la féérie de PETER PAN (2004) au cachet mystérieux de KING KONG (2005). Rappelons que le genre fantastique demeure son éternel domaine de prédilection qu’il cherche à approfondir au travers de plusieurs projets cinématographiques ; en témoignent les récents LE CHASSEUR ET LA REINE DES GLACES, LES ANIMAUX FANTASTIQUES 1 et 2 ou encore CASSE NOISETTE ET LES QUATRE ROYAUMES. La magie n’est pas seulement visuelle, elle est aussi musicale !