Percy Jackson: Sea of Monsters

Après un premier film déjà pas grandiose réalisé par Chris Columbus, c’est au tour d’un certain Thor Freudenthal d’adapter le roman populaire de Rick Riordan : Percy Jackson. Que retenir de ce deuxième opus ? Et bien qu’il tient ses promesses de divertissement familial fantastique du genre, mais qu’il ne vole pas bien haut non plus ! Si vous cherchez de la nouveauté, ne chercher pas dans ce coin là car on répertorie tous les clichés du genre les uns après les autres ! D’ailleurs, le réalisateur semble en avoir conscience puisqu’il fait dire plusieurs fois à ses personnages des répliques du genre : « J’étais sûr qu’elle allait dure ça !», « Je savais qu’on allait faire ça ! », « je ne vais pas faire ça, c’est un stéréotype ! », comme s’il critiquait l’œuvre qu’il était en train d’adapter !??? Si vous êtes amateur de ce genre de film pour son côté aventureux, il vous plaira sans doute, sinon sûrement pas !

Bon, passons aux choses sérieuses ! Mon nouveau chouchou, Andrew Lockington se retrouve à la musique du film. Après avoir livré de franches réussites pour divers films tels que City of Ember, Journey to the Center of the Earth (2008) et surtout le dernier Journey 2: The Mysterious Island, on se rend maintenant compte que les films d’aventure fantastique inspirent fortement le compositeur et lui permettent d’exprimer tout son talent symphonique. Christophe Beck avait composé une musique purement orchestrale très belle à l’écoute isolée, mais qui manquait d’impact à l’écran pour le premier film. Pour ce deuxième opus, Lockigton écrit quelque chose dans la lignée du précédent Journey 2, avec violons frénétiques, percussions électroniques et chœurs grandioses. On reconnaît déjà une identité musicale pour Lockigton dans les morceaux d’actions, chose que fort peu de compositeur peuvent se vanter d’avoir. Le thème principal écrit par Christophe Beck n’est pas repris. Lockington a préféré en écrire un tout autre très marquant, composé en deux parties et exposé au début 'Thalia's Story'. La première partie (0:20 - 0:33) pourrait plutôt être attribué au trio principal de l’histoire, et la deuxième partie (0:34 - 1:01), qui reprend assez furtivement le thème de Beck, pourrait plutôt être associé à Percy lui-même. Ces deux parties seront rarement jouées à la suite dans le film. Ce thème nettement plus complet perd le côté solennel de celui de Beck mais gagne dans le côté épique, ce qui correspond en effet un peu plus aux personnages principaux. A noter que le début et la fin de cette première piste propose également le thème associé à l’arbre protecteur plus identifiable par sa voix féminine que pour sa mélodie. Avec cette entrée en matière, Lockigton expose déjà la base de sa partition et on sait d’ores et déjà que l’on ne sera pas déçu.

Le reste de l’album tient ses promesses en proposant des bons morceaux d’aventure typiques de ceux qui faisaient la réussite des précédentes B.O. du compositeur. Parmi les déchaînements orchestraux, difficile de rester de marbre face à 'Wave Conjuring', 'Belly Of The Beast', 'Polyphemus' ou encore la 2° partie de 'Thank You Brother'. 'New Coordinates' est également une belle réussite avec sa reprise solennelle du thème principal mélangé aux chœurs et aux synthés pour un rendu assez surprenant mais très réussi. Parmi les autres thèmes, on peut en trouver un peut-être dédié à l’aventure entendu dans 'Hippocampus' (0:56) mais pas très souvent repris par la suite. Lockington nous proposent également un thème menaçant accompagnant les mauvaises intentions des méchants de l’histoire. D’abord discrètement entendu dans 'Thalia’s Story', il se retrouve parfaitement audible pour la première fois dans l’intense 'Colchis Bull' (de 0:49 à 1:00) avec des trombones graves. Malheureusement, ce thème manque un peu de développement pour être vraiment mémorable. Dans 'Kronos', ultime morceau d’action du score, il est repris de manière très convenue (1:13, 2:01).

Ce qui nous amène au point le plus décevant de l’album : il souffre d’un manque de structure qui pénalise l’effort accomplit par Lockington. Les thèmes manquent malheureusement de développement, un problème que l’on ne trouvait pourtant pas dans Journey 2, bien au contraire. En étendant le thème principal au début de l’album, on se dit qu’une fois complètement développé aux cuivres il sera vraiment excellent, mais il ne décolle jamais complètement. De plus, la musique a beau être très bien exécutée, elle ne s’autorise que quelques rares envolées héroïques vraiment prenantes. Elle a tendance à rester sur la même hauteur tout du long des morceaux d’action et ne parvient pas à créée le petit frisson attendu à certains moments. Certains passages auraient mérité d’être mis un peu plus en avant.

Mais ce défaut ne nuit en rien l’écoute de cette B.O. qui fait à coup sûr partie des plus réussites de 2013. Lockington utilise également quelques synthés mélangés à l’orchestre qui peuvent très bien expliquer le mélange mythologie-moderne du film, qui s’amuse par ailleurs à faire de nombreux anachronismes assez drôles. Ces synthés restent toujours en retrait derrière l’orchestre et ne rabaisse jamais la qualité de l’écriture. Au risque de me répéter, je trouve qu’actuellement, les compositeurs emploient trop le synthétiseur pour sa facilité, et à force de miser sur l’ambiance et la texture sonore, ils finissent par négliger l’écriture. A mon sens, Lockigton a ici parfaitement maîtrisé la distance orchestre-synthé et ne sous-estime jamais l’écriture, un peu comme le faisait Hans Zimmer et ses acolytes dans les années 90, avec moins de punch mais plus mélodies.

A ceux qui croient que Lockigton n’a aucune personnalité, jetez un coup d’oreille à 'Wild Taxi Ride', petite pièce assez cartoonesque qui apporte un petit air frais à la musique avec ses violons frénétiques, ses synthés vintages et ses percussions insolites diverses et abondantes. Dommage que les instruments inhabituels du début du morceau (guitare et saxophone) ne soient pas plus exploités dans la suite du morceau. Puis 'Résurrection' reprend majestueusement le thème de l’arbre dans une envolée lyrique magnifique qui rappelle presque les grandes heures de James Newton Howard pour Atlantis: The Lost Empire. Enfin, l’aventure se conclut sur 'Percy Jackson: Sea of Monsters - Main Titles' qui reprend sans grandes surprises le thème principal.

En bref, la musique de Percy Jackson: Sea of Monsters demeure une réussite incontestable, la nouvelle preuve du talent orchestral de Lockigton pour ceux qui en doutait encore. On en a pour notre compte niveau aventure ! Les seuls petits reproches, c’est le manque de développement dans les thèmes et le manque de puissance de la musique par moments. Ce score n’atteint malheureusement pas la force des deux Journey to the Center of the Earth qui demeurent encore aujourd’hui les références du compositeur. Malgré tout, il s’agit d’une musique orchestrale de qualité qui ravira à l’écoute isolée tous les amateurs du genre sans exception, et qui montre qu’à à peine 39 ans, Andrew Lockington a déjà l’étoffe d’un grand compositeur à pister.