The Whale

La musique de Rob Simonsen surprend d'emblée par son caractère métaphorique assumé: elle pourrait tout aussi bien accompagner le supposé périple nautique d'Ismael dans Moby Dick, dont The Whale puise une force nourricière, que le quotidien handicapant de Charlie (mémorable Brendan Fraser) dans lequel elle s'immisce. En plus d'imiter les ondulations de la mer grâce à des balancements de cordes, tantôt lancinantes, douces ('Full Sail') ou agressives ('Midnight Storm'), tous les titres de la bande-originale semblent affiliés à une expédition marine. A l'écoute, on imagine Charlie errer en pleine mer à bord d'un bateau où la solitude; déjà très douloureuse ('Life Boat', 'Rigging', 'Darting Distance', 'Full Sail'), amplifie ses souffrances physiques comme psychologiques ('Deep Water', 'Storm Approaching'). Très vite, une forte tempête gronde au rythme de cordes à la fois tumultueuses et pernicieuses qui traduisent la déchéance de son corps ('Midnight Storm'); laissant progressivement planer l'ombre d'une mort imminente ('Overture', 'Gentle Waves', 'Flare Gun'). L'espoir d'éviter le naufrage semble alors aussi désespéré que sa rédemption ('Harpoon', 'God's Ray').

Plongés au cœur du drame, on ne peut que se laisser porter par ce voyage contemplatif qui nous laisse sonder l'intimité, les souffrances et les remords de ses personnages. L'ancien disciple de Mychael Danna soigne chaque interaction avec les images en soulignant méticuleusement l'essence dramatique du jeu de ses acteurs. Son minimalisme maîtrisé se met au service exclusif des émotions, où chaque note cultive l'empathie ('Deep Water', 'Storm Approaching', 'God's Ray'), jusqu'à son climax final bouleversant qui confère à l'orchestre une pureté lyrique d'une intensité si rare qu'il vous en coûtera sûrement quelques larmes (le déchirant 'Safe Return'). En somme, une partition poignante qui se présente déjà comme un grand coup de cœur de l'année !

David-Emmanuel - Le B.O.vore