Per qualche dollaro in più
Chung Sing CHL-6004

Sorti en novembre 1965, un an après l'original Per un pugno di dollari (fr : Une poignée de dollars), Per qualche dollaro in più (fr : Pour quelques dollars de plus) est le deuxième volet de la trilogie des dollars du réalisateur Sergio Leone, Clint Eastwood reprend le rôle de l'emblématique Homme sans nom et fait cette fois équipe avec un autre chasseur de primes, le colonel Douglas Mortimer, interprété par Lee Van Cleef, pour mettre fin au règne de terreur d'un bandit nommé El Indio alias Gianmaria Volonte. Il s'agit d'un film désespérément violent sur l'avidité et la vengeance, mais il a connu un énorme succès populaire et s'est avéré une fois de plus influent sur la progression de Leone, Eastwood et du compositeur Ennio Morricone.

En vérité, la musique de Morricone est une continuation directe du son de western spaghetti établi dans A Fistful of Dollars (fr : Pour une poignée de Dollars), avec des orchestrations et des applications thématiques similaires ; néanmoins, plusieurs morceaux individuels se distinguent et méritent une attention particulière. Le thème principal, Per qualche dollaro in più, est l'un de ces morceaux que Morricone a écrits et qui semblaient horribles sur le papier, fonctionnaient parfaitement dans leur contexte : un morceau brut, agressif et rythmique pour cordes et percussions, qui comprend plusieurs éléments de base du western spaghetti : le son tortueux d'une guimbarde, les sifflements d'Alessandro Alessandroni, les chants d'une voix masculine bourrue, une flûte à bec soliste, des guitares électriques et acoustiques. Je suis toujours étonné de voir comment Morricone a réussi à trouver ces sons disparates et à les faire définir un genre entier.

Ailleurs, le thème de ‘La Resa dei Conti’ (A2) présente des qualités tonales conflictuelles inattendues qui sont mises en évidence par l'utilisation de différents instruments sous une variation du thème principal du premier film, y compris un orgue d'église qui lui confère une connotation ecclésiastique certaine.

‘Poker d'Assi’ (A5) est un morceau de piano de saloon rauque.

‘Carillon’ (A6), qui reprend et développe le motif berceur du glockenspiel également entendu dans La Resa dei Conti, fait directement référence à l'intrigue du film concernant la montre à gousset musicale d'Indio, qu'il joue avant de s'engager dans des duels au pistolet, ne tirant que lorsque le carillon s'est éteint.

‘Addio Colonnello’ (A7) déborde d'émotion, une magnifique combinaison de bois réfléchis, de cordes soupirantes, de cuivres nobles et d'un chœur de plus en plus proéminent.

‘Il Vizio d'Uccidere’ (A8) est un joli thème romantique pour guitare électrique solo, hautbois solo, cordes et chœur, qui a une qualité apaisante, presque tragique, avant de devenir plus vivant dans sa seconde moitié.

Comme c'est le cas pour toutes les bandes originales de western spaghetti de Morricone, For a Few Dollars More a été édité des dizaines de fois en vinyle, en cassette et en CD au fil des ans. J'épingle ici, cette édition rare est originaire de Taiwan et franchement de légalité douteuse. Reprise sous un pseudo label nommé Chung Sing, elle s'adressait principalement aux soldats américains stationnés à Taïwan dans les années 1960 et 1970. Cette couverture, très souple et entièrement plastifiée tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, a été photocopiée à partir de la pochette originale italienne. Encore une particularité : Le vinyle est de teinte rouge orange.

En 1965, lorsque le label RCA Victor a demandé à Morricone d'enregistrer la musique du second Opus de Leone, le compositeur a beaucoup du mal à trouver de quoi remplir un LP. D'où l'idée de matérialiser sur celui-ci la musique de Per un pugno di $, composé un an auparavant (1964) et qui n'avait jamais été publié.

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