Super 8

Après Mission: Impossible III et Star Trek, voici Super 8, qui marque la troisième collaboration consécutive entre le réalisateur J.J. Abrams et le compositeur Michael Giacchino. Et ce n’est pas étonnant que le réalisateur se soit attaché à lui, car si l’on écoute les précédentes B.O. de Giacchino, on a à chaque fois un travail impeccable. Mais là… pour Super 8, je reste un peu perplexe. Certes, la qualité de l’orchestration semble avoir été très étudiée, mais la B.O. me déçoit tout de même un peu.

Le principal problème, c’est la durée des pistes. Deux tiers ne dépassent pas deux minutes, et dix d’entre elles se retrouvent même en dessous de la minute. 'Family Matter', 'Model Painting', 'Action Chops', 'Production Woes', 'Dead Over Heels', 'Mom’s Necklace', sont toutes des musiques calmes et posées reprenant la plupart du temps le thème principal. Mais après en avoir entendu deux ou trois, on commence sérieusement à se lasser. Il aurait été préférable d’en supprimer quelques-unes et de mettre le reste ensemble pour former une seule piste un peu plus longue. Si chacune de ces musiques trouvent leurs places dans le film, on ne peut pas en dire autant dans le B.O.

On peut entendre dans la plupart des morceaux un motif de trois notes ascendantes suivi d’une descendante représentant le côté plus sombre de l’histoire. Thème efficace, mais un peu trop simple pour réellement marquer dans le film. 'Aftermath Class' est une musique d’ambiance au côté angoissant. Il s’agit de la première piste vraiment intéressante de l’album. Suivra ensuite le mélancolique 'Thoughts Of Cubism' qui nous présente un troisième thème qui sera merveilleusement repris dans 'Alice Projects On Joe'. On peut également retenir 'We'll Fix It In Post-Haste' qui se rapproche du style de John Williams avec ses violons dansants très agréables, mais là encore, la piste est bien trop courte, et on n’a pas le temps d’apprécier vraiment la musique.

Je précise quand même que la grande majorité des pistes (pour ne pas dire toutes) sont belles ! On peut relever 'World’s Worst Field Trip' et 'The Seige Of Lilian' deux morceaux dynamiques avec des cuivres imposants à la Giacchino. J’apprécie aussi 'Gas and Go' dans lequel les cuivres jouent un thème entraînant et le mystérieux 'Neighborhood Watch – Fail' qui nous convaincra tout autant. 'Letting Go' conclut le film avec grâce du fait de sa fabuleuse reprise du thème principal. 'Super 8 Suite' ne fera que prolonger le plaisir de cette dernière piste.

Finalement, le score de Michael Giacchino est très intéressant et peut facilement plaire. La musique est comme toujours très bien écrite et les moments d’action nous rappelleront quelques bons souvenirs du compositeur. La musique se rapproche fortement d’anciens travaux de John Williams et s’emboîte parfaitement dans le film. Cependant, on peut éprouver de l’ennui à l’écoute de cet album. Les pistes tournent en rond et ont la fâcheuse tendance à se ressembler, en particulier durant la première partie du score. On pourra même parfois penser à un manque d’inspiration au vu des répétitions excessives des thèmes principaux. Heureusement la deuxième partie rehausse le niveau avec des musiques plus variées, plus riches, plus inspirées et surtout plus longues. Loin d'être une défaite de la part du compositeur qui a suivi l’ambiance du film du début à la fin avec succès, l'album ne met pas en valeur la qualité de la musique. Mais ne boudez pas votre plaisir à l'écoute de ce superbe album nostalgique qu'est Super 8.