Psycho
Varèse Sarabande - VSD-5765 Varèse Sarabande Film Classics


Colosseum
Varèse Sarabande 1997 CD (4005939576523)
Film Sortie du film: 1960
 

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# Track   Duration
1.Prelude 
2.The City 
3.Marion 
4.Marion and Sam 
5.Temptation 
6.Flight 
7.Patrol Car 
8.The Car Lot 
9.The Package 
10.The Rainstorm 
11.Hotel Room 
12.The Window 
13.The Parlor 
14.The Madhouse 
15.The Peephole 
16.The Bathroom 
17.The Murder 
18.The Body 
19.The Office 
20.The Curtain 
21.The Water 
22.The Car 
23.Cleanup 
24.The Swamp 
25.The Search 
26.The Shadow 
27.Phone Booth 
28.The Porch 
29.The Stairs 
30.The Knive 
31.The Search (B 
32.The First Floor 
33.Cabin 10 
34.Cabin 1 
35.The Hill 
36.The Bedroom 
37.The Toys 
38.The Cellar 
39.Discovery 
40.Finale 
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Psycho - 09/10 - Critique de Mattis B., ajouté le
Oui, je sais, vous allez sûrement faire les yeux ronds en faisant glisser la page jusqu'en bas et en découvrant la longueur déconcertante de cette critique ! Je vous promet que je n'en ferais plus des si longues à l'avenir, mais quand on parle d'une oeuvre de l'ampleur de Psycho, on ne peut pas se contenter des quelques lignes. J'ai donc décidé de faire un compte rendu du film et de la musique selon mes ressentis. Je vous souhaites une agréable lecture :

ATTENTION !!! Si vous n'avez pas vu le film, vous aurez une excuse de ne pas lire la suite car elle contient une grande partie de l'intrigue de l'histoire, y compris le dénouement !!!

Nous sommes en 1959, Alfred Hitchcock venait à peine de finir son film North by Northwest (La mort aux trousses),quand il lut dans le New-York Times une critique élogieuse sur le roman Psycho de Robert Bloch. Immédiatement, le réalisateur fit appel au scénariste Joseph Stephano pour mettre en images ce livre. Le travail du scénariste demeure excellent car frappé par plusieurs grandes idées dont la plupart feront partie de l’origine du succès du film. Par exemple dans le livre, le tueur psychopathe, Norman Bates, est quelqu’un de laid, alcoolique, antipathique, ce qui fait que l’on n'accroche dès le début pas du tout au personnage. Stephano a eu l’idée au contraire de prendre un personnage attachant et sympathique. C’est le charismatique Anthony Perkins qui incarne à la perfection ce Norman Bates dont on ne soupçonne pas la folie aux premiers abords.

Le succès du film vient également du fait que le spectateur est constamment tiraillé dans tous les coins. Le début du film raconte l’histoire de Marion Crane (interprété par Janet Leigh), une jeune femme qui s’enfuit avec 40'000 $ volés. Durant les trente premières minutes du film, toute l’histoire se repose sur cette voleuse qui ne craint qu’une chose : se faire arrêter par la police. A ce moment-là, le spectateur est persuadé que l’intrigue ne tournera qu’autour de ces billets volés. Puis Marion arrive au Motel Bates où elle fait la rencontre du fameux Norman. Le spectateur est alors partagé : que va apporter cet homme à l'histoire ? Il a l’air bizarre mais pourtant il semble gentil ! Et c’est finalement sur la cultissime séquence de la douche que le film va prendre une toute autre tournure !

Cette scène d’à peine plus d’une minute a pris une semaine complète du tournage et il fallait diriger toute une équipe dans un espace d’à peine 15 m². A ce moment-là, toute l’intrigue tissée depuis le début du film disparaît brutalement, il n'y a plus de repères et l'on ne sait plus sur quel personnage fixer son attention maintenant que le point de vue d'origine n'existe plus. Le spectateur est d’autant plus surpris à l'époque car Marion était interprété par une des actrices les plus populaires du moment, il ne s’attendait certainement pas à ce qu’elle soit assassinée en plein milieu du film. Cette scène d’une rare violence en 1960 est techniquement parfaite, il s’agit d'ailleurs de la scène la plus étudié dans les écoles de cinéma aujourd’hui.

La révélation finale est elle aussi inattendu. Hitchcock voulait garder le scenario du film top secret et donc faire croire que la mère de Norman était vivante jusqu’au bout. Il est même allé jusqu’à faire croire qu’il cherchait une actrice pour le rôle de cette mère. Hitchcock avait également la crainte que certains spectateurs arrivent en retard, après le meurtre de la douche et se demande tout du long du film où était Janet Leigh (faut vraiment arriver en retard dans ce cas !). Ainsi, il a organisé une publicité insolite : celle d’interdire toutes entrées dans les salles aux retardataires. Sur certains cinémas était écrit “No one… BUT NO ONE… will be admitted to the theatre after the start of each performance of Psycho” (Personne, absolument personne ne sera admis dans le cinéma après le début de chaque séance de Psychose). Au final, certains cinémas ont parfaitement joué leur rôle. Hitchcock désirait faire un film dont le budget serait inférieur à 1 million de dollars (North by Northwest en coûtait 4 millions à titre de comparaison) ; au final, Psycho n’aura coûté que 806'000 dollars et en aura rapporté 50'000'000.

A sa sortie, beaucoup s’enfuyait de la salle, notamment après le meurtre de la douche, les autres qui sortaient à la fin du film étaient absolument « ravi de peur ». Cependant, le film ne fut pas du tout le bonheur de la critique à sa sortie. Le scénariste pense aujourd’hui que c’est parce qu’Hitchcock avait refusé toutes avant-premières à l’époque, et que les journalistes ont dû voir le film en même temps que tout le monde. Psycho n’aura reçu que quatre nominations aux Oscars et ne décrochera aucune de ces statuettes. Enfin bref, il y aurait tellement de chose à dire sur ce film et ses anecdotes, l'idéal serait de voir le film Hitchcock (sortie le 6 février en France) réalisé par un certain Sacha Gervasi. Le film portera sur la fabrication de ce film et vaudra sans doute le détour. Même s'il est raté, on apprendra sûrement beaucoup de chose sur cette incontournable chef-d’œuvre du septième art, excellent que ce soit au niveau de la réalisation, du scénario, des acteurs, de la photographie, de la technique…

…et de la musique, bien sûr ! Nous y voilà ! Alfred Hitchcock retrouvait pour la sixième fois consécutive au cinéma, Bernard Herrmann qui livrait en 1960 sans doute la B.O. de sa carrière. Une musique remarquablement inspirée à tel point que les images du film reviennent en tête rien qu’en l’écoutant. Certes aujourd’hui, cela peut paraître assez standard, mais à l’époque, rares sont les compositeurs qui parvenait à créer un son particulier ayant un lien aussi fort avec un film, qui plus est sans l'apport de synthétiseur. Avant tout, l’idée de départ était de n’utiliser que des instruments à cordes. Exclus donc toutes traces des bois, des cuivres ou même des percussions, seul quelques col legnos parsèment de temps à autres la partition. Cette idée osée pour l’époque renforce la froideur et la monochromie du long-métrage.

A la sortie du film, aucun album n'a été publié. Il a fallu attendre 1975 pour que Bernard Herrmann accepte enfin d'enregistrer la musique du film, mais le résultat est imprécis et totalement différent de celle qu'on entend dans le long-métrage. Sans doute l'état de santé du compositeur y était pour quelque chose, en effet, il décéda quelques mois après l'enregistrement. C'est en 1997 que le compositeur Joel McNeely ré-enregistre le score dans une version beaucoup plus proche de celle entendu dans le film et de meilleure qualité. Ceux qui ont la nostalgie de Bernard Herrmann trouveront sans doute plus de valeur à la version de 1975. Pour ceux qui souhaite entendre une version plus fidèle par rapport au film, le réenregistrement de Joel McNeely fera amplement l'affaire.

'Prelude' annonce d’ores et déjà la couleur (si je puis dire) de la musique. Les cordes jouent ici brutalement le célèbre « thème principal » (thème principal entre guillemets car plus qu’un thème, il s’agit presque ici d’une « mélodie » vu la longueur (mélodie entre guillemets car ce thème ne se veut absolument pas mélodique, bien au contraire, Herrmann n'a pas voulu quelque chose d'harmonique afin de renforcer l'angoisse ressentie dans le film)). Ce qui marque d'entrée de jeu, dès ce célèbre 'Prelude', c'est le rythme agressif des cordes malgré l'absence de percussion. Ce « thème » sera ainsi repris à divers endroit du film comme dans 'Patrol Car' ou encore dans le violent 'Rainstorm' lorsque Marion se perd sur la route dans une tempête. La partition recèle également de nombreux thèmes, et motifs comme celui de 'The City' qui dévoile par ses longues notes de violons le « thème » de Marion. Encore une fois, thème entre guillemets à cause de sa longueur. Les cordes sont ici plus calmes, mais trahissent le mystère et l’angoisse du personnage. 'Marion' et 'Marion and Sam' nous exposent ce qui pourrait être comme un Love Theme mélancolique continuellement descendant comme pour indiquer que Marion n'a aucune chance de vivre une histoire romantique. Nous pourrons également relever un motif associé au 40'000 $ volés tout au long de la piste 'Temptation'. Difficile de décrire par des mots ce motif qui exprime parfaitement le doute que Marion porte sur ces billets : doit-elle les prendre ou non ? Les 13 premières pistes vont alors jouer avec alternance ces premiers thèmes implantés bien souvent de la même façon, d'où la sensation à l'écoute isolée de tourner en rond, bien que dans le film, la musique et les thèmes sont entièrement justifiés.

C'est sur le stressant 'The Madhouse' que le score marque un premier virage. Le morceau débute sur un cinquième thème de trois notes joué aux violoncelles tendus qui est sans doute associé à Norman Bates. La deuxième partie du morceau fait apparaître le « thème » que je pense être (sans conviction) assimilé à la mère de Norman avec des violons très crispants de plus en plus aigus, presque irritants. On constate d'ailleurs l'étrange similarité entre la façon dont est construit le thème de Marion et le thème de la mère !

Nous en voici au cultisme 'The Murder', musique de référence à Herrmann qui accompagne la fameuse scène du meurtre sous la douche. Les violons « tranchent » alors la partition de notes dissonantes suraiguës, tels des coups de couteau ou des cris de souffrances sur un rythme de battement de cœur. Puis le morceau sombre dans le grave, toujours en gardant une référence au battement de cœur qui se dérègle vers la fin comme pour personnifier l’agonie de Marion. Une des musiques les plus marquantes de toute l'Histoire du cinéma, incroyablement cohérente avec les images du film. Aujourd'hui, difficile d'imaginer cette scène sans la musique d'Herrmann : regardez-la avec puis sans musique sur internet, absolument rien à voir : (tapez « the shower scene without music » et vous verrez - attention, interdit aux moins de 12 ans : on sait jamais, peut-être y a-t-il quelqu'un de moins de 12 ans passionné par la musique de film et assez patient pour lire ce truc ? Mais de toutes façons ceux qui lisent ces lignes sont censés avoir déjà vu le film d'où la parfaite inutilité de cette parenthèse !). BREF ! Ce fameux « thème de la douche » sera repris dans 'The Body' avec des notes aiguisées tenues du plus bel effet.

Dès lors, la musique va sombrer dans une terreur beaucoup plus intense qu'au début avec des cordes beaucoup plus agités. Les violoncelles très rythmées de 'The Office' et 'The Curtain' succèdent le meurtre alors que Norman découvre le corps de Marion. On ressent dans ces notes une allusion au fameux thème de la douche, mais en beaucoup plus grave. 'The Water' joue quant à lui régulièrement un motif de 6 notes alors que Norman nettoie les lieux du crime pour faire disparaître les preuves de la mort de Marion. Un motif qui reviendra de manière plus intense dans le stressant 'Cleanup'.

La piste 30 ('The Knife') reprend de manière encore plus « tranchante » le thème de la douche. 'The Cellar' et 'Discovery' nous proposent un nouveau sommet de terreur avec des instruments affolés très bien menés. Enfin, la partition se conclut sur le sombre 'Finale' débutant sur le « thème » de la mère et se concluant tout comme le film sur le motif de trois notes de Norman joué d'une manière toujours aussi tendu. Ce dernier morceau accentue le doute que l'on porte sur Norman Bates partagé entre sa vie et celle de sa mère.

Il n'y a rien à ajouter sur ce chef-d'œuvre de Bernard Herrmann d'une maîtrise hors norme pour l'époque. Le compositeur livre un score un peu à part dans la musique de film, parsemé de nombreux leitmotivs correspondant à un élément particulier du film. Je précise à nouveau que la représentation des thèmes écrit ci-dessus ne sont que mes propres théories et ressentis sur la musique ; le compositeur a probablement écrit sa musique de manière différente. Sans doute rares sont les personnes qui pourront enchaîner d'une seule traite les 40 pistes de cette B.O. ô combien formidable pour le film mais pas forcément très facile d'accès. C'est le seul point qui ne me permet pas de donner la note maximale à cette B.O., car si les bandes originales de film ont en général la faculté d'être écouté avec et sans le film, celles d'Herrmann perdent beaucoup d'intérêt sans le film. Mais bon, ce compositeur n'est pas réputé pour ses mélodies harmonieuses, mais plutôt pour sa faculté à trouver un son propre au film qui soit en osmose avec lui, ce qui est tout aussi honorable. Ici, les violons sans chaleur forment un son unique, indissociable de l'atmosphère que véhicule Psycho. Une B.O. tout bonnement exemplaire ! J'espère vraiment que le film Hitchcock de Sacha Gervasi à venir rendra hommage à ce grand compositeur, parce que oublier de le mentionner serait insulter le film entier qui n'aurait pas eu la même carrure sans lui !

Fin.
Bande annonce:





Bande annonce:





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Psycho (1989)
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Alfred Hitchcock's Film Music (1985)
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Psycho (1997)
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TV & Film Hits Vol. 1 (1994)
TV & Film Hits Vol. 2 (1994)
Score (2017)
Man From O.R.G.A.N., The (1965)
Snows of Kilimanjaro / 5 Fingers, The (2001)
Fall of the Roman Empire, The (2017)
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Citizen Kane (1999)


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